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Le 19 août 1912, un cyclone dévaste Carcassonne en un quart d'heure

Lundi 19 août vers 8 heures, les éclairs se succèdent à l'horizon du côté ouest de la ville ; bientôt, les roulements du tonnerre s'approchent et l'orage éclate dans un fracas assourdissant. Il atteint la plaine d'Arzens, les Castelles, Grèzes, Salvaza, Carcassonne, Montredon, Berriac, Villalier, Malves et Villarzel-Cabardès. La zone dévastée a une longueur de 2 à 4 kilomètres maximum.

Il était exactement 8h45, car c'est l'heure que marqua l'horloge de la caserne du 19e dragons (Laperrine) qui s'arrêta à ce moment-là. Accompagnant les éclairs et le tonnerre, une trombe d'eau mêlée de grêle, se déversa alors sur Carcassonne. Le vent soufflant en tourbillons abattait les arbres, les cheminées et enlevait les toitures. Tout obstacle fut emporté sur le passage du cyclone. En quelques minutes, les rues furent transformées en véritables torrents, et la plupart des maisons envahies par l'eau qui pénétrait partout. L'ouragan ne dura pas plus d'un quart d'heure, mais les dégâts furent énormes.

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Boulevard Barbès, une énorme branche d'ormeau est tombée au milieu de deux roulottes d'artistes dramatiques qui, heureusement pour eux, étaient absents au moment de la chute et se préparaient, au café Glacier (actuelle Maison de retraite Montmorency), à donner leur représentation quotidienne. La baraque installée à côté des voitures et qui contenait leur vestiaire a été enlevée comme un fétu de paille et transportée à l'entrée de la rue Basse, à 25 mètres plus loin. À hauteur des Variétés-Cinéma (Maison des syndicats), un gros tilleul déraciné est couché sur le sol. Au café Glacier, la toile qui abrite les consommateurs est en pièces.

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Sur le boulevard du Musée, le tableau est navrant : les beaux et séculaires platanes qui s'élèvent aux abords du café du musée (Trésorerie générale), ont leurs plus grosses branches à terre : un tronc est déraciné ; du côté du square Gambetta, une énorme branche a écrasé la toiture de la baraque de bonbonnerie de l'angle sud ; une autre est tombée sur la grille de l'entrée du jardin qu'elle a brisée.

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Dans le square, face à l'ancienne prison, un platane, arraché du sol, est resté suspendu sur l'arbre voisin qui a sa plus grosse branche à terre.

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Boulevard de la préfecture, c'est encore un enchevêtrement inextricable de branchages ; tous les platanes ont été plus ou moins abîmés , deux sont tombés dans le jardin de l'habitation de M. Murat, agent d'assurances, dégradant dans leur chute la corniche de l'immeuble.

Boulevard Omer Sarraut, les arbres de la partie supérieure du jardin des plantes (Square Chénier) ont particulièrement souffert. Ici, comme sur les boulevards de la préfecture et du musée, de grosses branches jonchent les allées.

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Les boulevards du Canal et Marcou, ainsi que le haut du boulevard Barbès ont été moins atteints ; néanmoins, des branches gisent par ci par là sur le sol. Même aspect lamentable au-dessous de la statue Barbès.Place Carnot, c'est une jonchée monstre sur toute l'étendue de la vaste place. La ville a offert toute la nuit un curieux tableau : des centaines de pauvres gens, hommes, femmes et enfants, ont fait une ample provision de bois, emportant leur chargement les uns sur la tête, les autres sur des charretons  ; la tâche n'a cessé a aucun moment de retentir ; on aurait dit une armée de bûcherons en pleine forêt. Signalons encore les amateurs de brochettes qui, à la lueur de lanternes, recherchaient sous le feuillage les moineaux tués, blessés ou simplement étourdis par la grêle. Ils ont ramassé ces pauvres petits oiseaux par milliers.

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Un peu partout, les fils électriques sont rompus et à terre, n'offrant cependant aucun danger, le courant ayant été supprimé au début de la tempête, plongeant la plupart des maisons dans une obscurité inattendue. On voit encore dans les rues quantité de tuiles ou de briques provenant de la chute des cheminées abattues par centaines. Dans de nombreuses maisons, l'eau a inondé tous les étages ; des cloisons se sont effondrées sous l'influence des courants intérieurs qu'on n'a pas eu le temps d'empêcher. Certains magasins ont eu beaucoup de marchandises détériorées. 

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À l'extérieur de la ville, les vignes et les arbres ont été littéralement arrachés sur le coteau de la Gravette. À la Trivalle, il y a eu également d'importants dégâts : dans le jardin potager, vers Saint-Jean, les arbres fruitiers sont lamentablement couchés sur le sol et les diverses plantations gâchées par la pluie et la grêle. On signale aussi de graves dégâts au vignoble, du côté de Montredon, à la Madeleine.Le cyclone qui allait de l'Ouest vers l'Est aurait arrêté ses ravages au tunnel de Trèbes.

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À Montréal d'Aude, le Fort, Fontaines, ont bien souffert. Au Rebenty, des ormeaux séculaires ont été déracinés par le cyclone. À Villeneuve, la cave de M. Mazières a sa toiture fort endommagée ; dans les vergers, les arbres fruitiers ont été ravagés par la grêle, le palier de M. Clercy a été renversé. À la Leude, une toiture emportée ; à Fourmilla, les paliers renversés ; à Codaigues, la toiture en zinc du hangar a vu également sa toiture emportée ; à Fontcarrell, plusieurs vignes ont été littéralement hâchées par la grêle. À la Grande Fontaine, plusieurs arbres ont été partagés en deux.

Contexte météorologique du 19 août 1912

La France est influencée par un minimum dépressionnaire présent sur le proche Atlantique, et qui évolue en thalweg le 19 août. Ce dernier s'enfonce temporairement jusqu'au Portugal, et pilote un flux de sud-ouest sur la France, et particulièrement sur le bassin méditerranéen occidental. Cette configuration est propice à des développements orageux générateurs de fortes pluies et de fortes rafales de vent.

Sur la France, les températures maximales connaissent des valeurs peu excessives: 26,8°C de maximum à Toulouse, et 31,6°C à Perpignan, ce qui constitue le maximum mensuel pour cette dernière station.

A Carcassonne, le total pluviométrique relevé à l'Ecole Normale n'atteint que 7 mm. En revanche, le 20 août, plusieurs cotes pluviométriques significatives sont enregistrées sur les contreforts Cévenols: à Lodève (Hérault, 90 mm), à Campestre-et-Luc (Gard, 80 mm), et au Vigan (Gard, 86 mm).

 (keraunos.org)

Photos

Coll. Martial Andrieu

Source

L'express du midi

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Commentaires

  • c'était l'apocalypse les gens ont du avoir très peur car il y a eu beaucoup de dégâts dans toute la région c'était un cyclone mémorable impressionnant d'après votre récit et les photos sont là pour le prouver merci Martial.....

  • J'ai l'impression de retrouver un scénario très proche de ce qu'il vient de se passer. On ne parlait pas de changement climatique en ce temps la. Merci Martial.

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