Avant-hier nous avons évoqué le quartier Saint-Martin et sa chapelle du même nom, sans toutefois évoquer l'origine de sa construction. On m'a transmis à la suite de cet article, un papier de la Semaine Religieuse du 30 octobre 1953 que je restranscris ci-dessous.
Le dimanche 8 octobre [1953], Monseigneur l'Évêque a béni, sous le soleil ensoleillé de l'Estagnol, une chapelle bâtie par la paroisse Saint-Vincent, pour le service du quartier lointain situé rive droite du Canal vers l'ouest de la ville.
Un millier de fidèles occupaient le terre-plein sommairement devant la construction quand son Excellence, après un chant de la Schola, commença, hysope en main, le tour de l'édifice pour l'asperger. À ses côtés, Monseigneur Rivière, MM. les chanoines Cazemajou, Fauré, Raynaud, Montagné ; Monsieur le Supérieur de Notre-Dame de l'Abbaye, et le clergé paroissial.
La foule suivait la cérémonie grâce aux explications données par un prêtre et aux textes qu'ont lui avait préparés. Quand l'accomplissement des rites de l'intérieur le permit, le plus grand nombre possible des assistants entrèrent dans l'enceinte au chant du Laetatus sum, en bon ordre et déjà respectueux de la sainteté du lieu.
Celui-ci pour le moment est un sanctuaire occupant 17 mètres sur 9. Dans le ciel, à dix mètres environ, le faîte du clocheton qui est en ciment armé et à deux alvéoles. Sous les belles lignes de la toitures en pente abrupte, une charpente très rassurante construite par le Père Merme, de Grazailles.
La couverture intérieure, aux bords légèrement incurvés, semble reposer sa blancheur sur deux séries de colonnettes à peine amorcées où se cache un éclairage moderne. Mais la lumière ruisselle surtout par les treize fenêtres cintrées, aux verres variés.
L'autel en granit nuancé, sur colonnes d'un rose discret, fut l'œuvre d'un artisan local (comme beaucoup d'autres parties de l'édifice). Ilse profile dans un bel arceau où s'annonce le chœur à construire et qu'entourent deux autres plus petits faisant prévoir les sacristies futures. Pour l'instant ce fond est dissimulé derrière un ottoman bleu, et il porte deux statues très fines entourant un bas-relief qui représente Saint-Martin à cheval et son pauvre.
Dans son allocution, M. le chanoine Andrieu, curé de Saint-Vincent, présenta l'œuvre comme une réalisation de l'église missionnaire. Et après le salut du Très Saint Sacrement, où le chant de la foule alternait avec les prières exécutées par la Schola, Monseigneur l'Évêque fit prier à l'intention de tous ceux qui ont participé à cet ouvrage si utile pour le quartier, et souligna que Dieu fait aux hommes en venant habiter parmi eux.
Cela les fidèles de l'endroit l'ont senti profondément. Quelqu'un qui est "très dans la vie" et encore jeune, disait en sortant : "Rien que d'entendre cette petite cloche et que penser que Dieu va se trouver chez nous, ça fait pleurer de joie".
Source
Louis Cros/ Contribution historique religieuse/ 1983-1984
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