N'ayant jamais eu plus qu'un levier pour alerter sur l'incurie du patrimoine culturel Carcassonnais, nous avons informé nos lecteurs sur les réseaux sociaux de l'état de la bâtisse du domaine de Prat-Mary. Plus largement, de l'aqueduc du XVIIe siècle du sieur Cailhau qui traverse la propriété le long de la route de Limoux, depuis l'Auberge des chênes jusqu'au rond-point de l'ancien hôpital A. Gayraud. L'une ne serait être dissociée de l'autre, tant ces deux éléments patrimoniaux risquent fort de disparaître. Au moins, ne pourra t-on pas nous reprocher d'être resté silencieux.
Si l'état du parc, amputé de ses magnifiques buis, demeure un lieu conservé et entretenu par un gardien. Il n'en est pas de même pour la bâtisse dont la toiture prend l'eau depuis trop longtemps. C'est l'arbre qui cache la forêt ! À l'arrière de la maison, l'humidité a envahi les murs en même temps que la mousse. Les anciennes gouttières en céramique émaillée sont cassées. Ne parlons pas des huisseries, ni des fenêtres.
En 2005, la ville de Carcassonne sous l'impulsion de M. Larrat fit l'acquisition du domaine et de ses dépendances. La commune a dès lors vendu presque la totalité des terrains agricoles, hérités du Marquis de Gonet. Seul le jardin finit par bénéficier d'un traitement à la hauteur du site. Entretenu et gardé, il offre encore aujourd'hui la quiétude à ceux qui s'y rendent. Que dire de la bâtisse ? Depuis 2005, elle se trouve dans son jus. Chacun peut aisément comprendre ce que cela signifie pour un immeuble du milieu du XIXe siècle.
Malgré l'exception d'un tel site, aucun projet n'a vu le jour afin de lui trouver une destination. Ah ! si... La municipalité Pérez de 2009 a installé une structure réceptive pour la location de mariages. Pour la somme de 400€, les nouveaux époux pouvaient s'offrir un cadre champêtre chez l'ancien marquis de Gonet. Il n'en demeure pas moins que la bâtisse ne leur était pas ouverte. Sinon, pourquoi aurait-on importé dans le parc un algéco blanc en aluminium du plus bel effet ? En prenant soin de restaurer l'édifice, on aurait évité d'acquérir cet immonde structure. Ne valait-il pas mieux mettre cet argent dans la réhabilitation ? D'autant qu'aujourd'hui, il n'y a guère plus de mariages à cet endroit. M. Oudanne, propriétaire de l'ancienne Auberge des Chênes, vient à 200 mètres de créer une même structure réceptive pour les mariages. C'est son métier. Quoi de plus normal ?
Ce qui nous paraît choquant, c'est que depuis 2005 personne n'ait songé au potentiel culturel du domaine de Prat-Mary ? D'abord, on a construit un EPHAD à 300 mètres de là : Les Rives d'Odes. La ville aurait pu chercher à intégrer la maison de retraite au parc du domaine. Ainsi, les résidents (valides) n'auraient pas à faire tant de chemin pour profiter de l'ombrage du parc. Des manifestations culturelles (expositions) auraient créé du lien social et intergénérationnel dans ce quartier. Les élèves de l'Ecole es Arts auraient pu y donner des concerts. Le Festival Off aurait pu s'exporter hors les murs de la Bastide. Après tout, les quartiers ont aussi droit à la culture. Pas seulement la leur qui les enferme dans des guettos communautaires. Ils ont aussi droit au jazz, à l'opéra, au théâtre classique.
Les buis du parc, photographiés en 2017, ont disparu
Au lieu de cela, il n'est pas une idée qui ne soit arrivée à germer dans l'esprit de nos décideurs. Nous les invitons à aller visiter d'autres villes, comme Aix-en-Provence. Ils ont Cézanne ? Nous avons Achille Laugé. Ils ont le compositeur Darius Milhaud, dont la maison a été transformé en Office du tourisme. Nous avons Paul Lacombe ! Enfin, nous avons deux patrimoines mondiaux : La Cité et le Canal du Midi. Comment font-ils pour avoir une fondation de mécènes (Suez, LVMH, Orange) qui finance la restauration du patrimoine ? S'est-on une seule fois posé la question ici, quand nous n'avons pas un centime à dépenser pour cela ? Qu'il faut des siècles pour voir un projet enfin aboutir !
Le journal l'Indépendant dans son édition d'aujourd'hui, consacre un article au domaine de Prat-Mary. Il relaie nos craintes et nos remarques. L'élu en charge de la culture y répond en ces termes :
— Nous avons évidemment des envies, quant à la destination du site, mais encore une fois, la politique, la gestion d'une ville demande d'opérer des choix. La destination viendra, pour l'heure nous sommes dans la conservation.
— Les gouttières seront réparées.
— Le domaine de Prat-Mary n'est pas la priorité du moment en matière de gestion publique.
Il appartient à chacun de se faire une opinion à la lumière de ce que nous venons de publier.
Ci-dessous l'histoire de Prat-Mary
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