Osmin Nogué naît à Carcassonne le 6 novembre 1865 d'un père, employé aux lignes télégraphiques, originaire de Tarbes. L'intelligence du jeune Nogué se fait très vite remarquer de ses professeurs, notamment au lycée de garçons de la ville où il se distingue comme un brillant élève. Après ses études de droit et un exil momentané à Paris, l'avocat revient à Carcassonne et s'installe 59, boulevard du musée. C'est aujourd'hui, le boulevard Camille Pelletan.
Osmin Nogué
Nogué se rapproche des milieux radicaux-socialistes et épouse le 2 octobre 1894, la fille du maire de Carcassonne Omer Sarraut. De cette union avec Jeanne Sarraut (1876-1963), naîtront trois enfants : Cécile Nogué (1895-1981), Yvonne Nogué (1899-1909) et Maurice Nogué (1904-1994). Le grand malheur du couple sera la perte tragique et brutale de leur fille Yvonne, décédée à l'âge de dix ans d'une phlébite orbitaire.
Osmin Nogué en représentation théâtrale
L'avocat participe à la vie de nombreuses associations culturelles... Dans la Compagnie d'Art dramatique l'Athénée, il est au Comité d'honneur. A la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude, il est membre depuis juillet 1897 grâce à Marius Robert et Jean Philibert. Son action humanitaire se fait remarquer au sein de la Commission des hospices, où chacun loue les bienfaits de Monsieur le Vice-Président.
Cet homme, oublié de nos jours, restera bâtonnier au Tribunal de 1er instance de Carcassonne de 1908 à 1909 et de 1935 à 1936. Quatre mandats au cours desquels, il s'assura le respect de l'ensemble de ses confrères. Lorsque l'on a une telle position dans la vie sociale et civile, on peut qu'être attirer par la politique surtout avec de fortes idées républicaines. Adversaire résolu de Gaston Faucilhon, adjoint de Sauzède puis maire de Carcassonne, Nogué fait entendre sa voix comme conseiller municipal. En vérité c'est politiquement un sympathisant du radicalisme, incarné par les Sarraut. Il dirige même à Carcassonne "La dépêche de Toulouse" et représente le syndicat des journalistes.
En 1924, son beau-frère Maurice Sarraut lui fait obtenir la légion d'honneur ; il sera élevé au grade d'officier en 1938 et choisira son confrère Henri Malric pour sa réception. Osmin Nogué restera tout de même neuf années de 1919 à 1928, conseiller général du canton ouest. Ne souhaitant pas se représenter devant les électeurs, Albert Tomey prendra son siège en 1928.
Sous le pseudonyme de Jacques Aubin, Nogué fait publier en 1922 sous la forme de chroniques de la société Carcassonnaise, un livre imprimé chez Gabelle. Les illustrations sont du caricaturiste Dantoine et le texte est assez savoureux. Il dépeint les méandres d'une ville à l'hygiène douteuse et aux mœurs incarnées par des personnages d'une exaltante typicité.
La prieuvre
Quand sur le boulevard le noble Barreau passe,
Serviette sous le bras et le front soucieux,
Il ne se doute pas qu'il est suivi des yeux
Par un monstre tapi dans son antre rapace
Le Fisc sombre pieuvre à l'appétit puissant,
Le Fisc aux mille bras tapissés de ventouses
Dont les hydres de mer se montreraient jalouses,
Le guette pour l'étreindre et lui sucer le sang.
Barreau te reposant sur d'anciens privilèges,
Tu te croyais naïf, protégé contre lui,
Tu vivais sans soucis, mais qui peut aujourd'hui
Du succube goulu fuir traquenards et pièges ?
Barreau, plein de savoir mais de candeur pétri,
Tu tombes à ton tour dans les filets perfides
De l'odieux calmar aux suçoirs myriafides
Et te voici couché, pâle et le front meurtri !
Mengué, le rabatteur du monstre enflé de lucre,
T'a poussé doucement vers le gouffre profond
Où notre humanité se liquéfie et fond,
Comme un café brûlant voit fondre un grain de sucre.
Aspirés par la bouche avide de l'impôt
Tu vois tes fiers enfants, infortunés confrères,
Dans la poche du fisc verser leurs honoraires,
Pauvres, exsangues, nus, les os trouant la peau.
Mais tout ceci n'est qu'une image
Rien qu'une image en vérité,
Vite à présent tournons la page
Et voyons la réalité.
La tombe de la famille Nogué, cimetière St-Vincent
Sources
Recherches, synthèse et rédaction / Martial Andrieu
__________________________
© Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018