Plusieurs cochers offraient leurs services en plusieurs points de la ville : A la gare, place Carnot, au Terminus et au Portail des Jacobins. Leurs fiacres, traînés par de dociles mules, étaient familiers aux Carcassonnais. Ces voitures avaient deux aspects. L'hiver, une capote de moleskine protégeait les clients du froid et de la bise. L'été, un baldaquin blanc à franges remplaçait l'hivernale capote. En période estivale, la couverture qui recouvrait qui recouvrait les bêtes en hiver, était remplacée par un filet à longues franges ; une protection illusoire destinée à chasser les mouches. Les oreilles des mules s'ornaient d'un bonnet blanc afin d'écarter les insectes de leurs longs appendices. Deux fois par jour les cochers, entre deux courses, suspendaient au cou des bêtes, une bourse en toile écrue, remplie d'avoine. Les mules prenaient des forces pour leur travail. Quant aux cochers, ils se restauraient avec un casse-croûte. Ceux de la place Carnot allaient se désaltérer au Comptoir National (Café Sarta), occupé de nos jours par "Le Carnot".
Commissionnaire à la campagne
A Carcassonne ils étaient deux... Marius possédait un âne, traînant une charrette grinçante. Ensemble, ils apprenaient les rues de la ville accompagnés par le tintement d'une clochette. Ce commissionnaire rendait de multiples services : un colis à la gare, porter des paniers sur la place Carnot, effectuer un déménagement.
"Un jour nous eûmes recours à lui pour transporter un piano droit, de la place Carnot à la rue Littré. Après avoir arrimé l'instrument, le convoi se mit en marche. Je marchais à côté en queue de l'équipage. Marius nous ayant bien recommandé : "Té cal béni. Butarats dins la rue de Verdun. L'asé coumentço de se faïre biel !" (Tu dois venir. L'âne commence à se faire vieux !" Et nous voilà parti. Au beau milieu du parcours, l'âne inonda copieusement la chaussée pavée avec de multiples coups de sabots. Et l'animal refusa de repartir ! "Buto, macarel", m'ordonna Marius ! Tous deux, nous redoublâmes d'efforts stériles. L'asé semblait cloué au sol. Alors Marius eut une idée géniale : "Tire lui la queue tant que tu peux. Moi, je vais le tirer par le licol et le mors !" Nous réalisâmes ce curieux manège et l'âne, pris entre deux feux, décida de reprendre sa route en nous gratifiant d'un large pêt ! "Animal de bestio", jura Marius ! "Es testut, que nos y faïre !" (Il est têtu que veux tu faire !) Douce philosophie de ce brave homme. Il l'aimait sa bête. "L'asé et le carretou" (L'âne et la charrette) n'étaient-ils pas son fond de commerce ?" (Souvenirs de M-Y Toulzet)
Les aides commis-voyageurs officiaient entre les deux hôtels Bernard et du Commerce. Ces hommes voyageaient par le train ayant mis aux bagages, leurs imposantes malles contenant les collections de vêtements à présenter à leurs clients. Ces encombrants objets étaient volumineux. Tous ces échantillons prenaient place en de gigantesques coffres, fabriqués dans un bois fort lourd. Avant leur arrivée, les commis-voyageurs écrivaient aux hôtels pour retenir les services de ces aides qui, à l'heure dite, munis de longs charriots à plateau, attendaient le représentant, prenaient en charge à la gare les encombrants bagages et accompagnaient le vendeur aux diverses adresses de ses clients : Chapellerie Blain, Arnal, Alexandra, Lordat, d'Espezel, Canavy, Cancel, Nouvelles Galeries, Gastilleur... Après leur travail, ces commis-voyageurs regagnaient leurs hôtels après avoir rétribué leurs aides. Ainsi, allait la vie économique de Carcassonne dans les années 1930...
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