Marius Esparseil représente sans doute l’un des plus éminents architectes de notre ville. A défaut d’éléments biographiques sur sa vie et son œuvre, il nous a paru important de porter à la connaissance de tous le fruit de nos recherches. Les aspects de ses réalisations pour le compte de l’administration communale sont plus ou moins connues. Il n’en est pas de même pour les immeubles privés dont il a dressé les plans et que nous avons tenté de retrouver à travers la ville.
Blaise Marius Esparseil naquit le 9 septembre 1841 d’un modeste entrepreneur plâtrier au n°29 de la rue de la Gaffe. Le métier de son père n’ayant guère d’attraits à ses yeux, le jeune Esparseil passa ses journées chez Honoré Prache, son professeur de dessin au lycée. Après ses études dans cet établissement et suite au décès prématuré de son père, Marius alla s’installer à Paris avec sa mère. Il avait alors seize ans lorsqu’il débuta comme rapin à l’atelier Blondel avant d’être admis à l’Ecole des Beaux-arts dans la classe de MM. Jay et Train. Ces derniers enseignaient l’application des arts à l’industrie. En 1863, il obtint sa première médaille de dessin architectural et une deuxième en construction, mais échoua aux épreuves de l’oral. Il renonça aux travaux de l’Ecole des Beaux-arts pour se consacrer exclusivement à la construction et aux affaires.
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Lycée Chaptal à Paris
C’est à cette époque que la capitale en pleine transformation a besoin d’architectes. Le professeur Train, nommé au VIIIe arrondissement, s’attache le jeune Esparseil et le fait débuter dans l’administration comme conducteur de travaux de la ville. Sous les ordres de M.Train, notre Carcassonnais travaille à la construction du collège Chaptal et à la restauration des voûtes de l’église de la Madeleine. Les principales façades des avenues Ney et des Champs-Elysées, les portes monumentales à oeil de bœuf de l’avenue de l’Opéra en partant de la Comédie française, Esparseil en a tracé les plans.
Avenue de l'Opéra à Paris
Quant à Blondel, il lui fait dessiner et exécuter les plans de la façade de la Belle Jardinière, un grand magasin du Quai de la mégisserie. Plus tard, Esparseil sera attaché comme inspecteur des travaux à la construction de l’Hôtel des Dépoôts et Comptes courants.
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La Belle Jardinière, Quai de la mégisserie à Paris
Marius Esparseil revint à Carcassonne en 1871, il mit son expérience au service de Carcassonne en tant qu’architecte de la ville. On n’évoquera pas ici les bâtiments communaux ; d’autres s’y sont attardés à maintes reprises. Il nous paraît plus pertinent d’exposer aux lecteurs, les magnifiques constructions privées qu’il offre encore de nos jours à nos regards. Après cet article, gageons que vous les regarderez avec une autre œil… Vous remarquerez les similitudes entre les façades des immeubles de caractère Haussmannien des avenues parisiennes et les nôtres.
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A l'angle de la rue du marché (Tomey) et du Séminaire (Victor-Hugo), Marius Esparseil dresse les plans de l'immeuble de la sellerie Bastide. En 1877, le bâtiment est achevé. Vous y passez devant presque tous les jours.
L'ancienne sellerie Bastide aujourd'hui
Sur le boulevard de la préfecture (Jean Jaurès), Marius Esparseil a dressé les plans de cet immeuble pour le compte de la famille Gourguet vers 1875.
La Maison Gastilleur, construite avant 1885 sur le boulevard Marcou, en face du Calvaire. C'est là que vécut le sénateur-maire Théophile Marcou, oncle de Marius Esparseil.
En 1885, l'immeuble de la famille Fafeur sort de terre au square Gambetta. Il s'agit de l'une des plus belles façades de la ville. On retrouve le style de l'architecte avec ses ornements caractéristiques de la fin du XIXe siècle.
Dix ans avant sa mort qui survint le 6 juin 1900, Marius Esparseil acheva le très bel immeuble Combéléran. Il se trouve sur la place Davilla et fut occupé par le docteur Albert Tomey.
Marius Esparseil, connu également pour la recherche minière dans l'Aude, laisse un patrimoine architectural remarquable dans Carcassonne qu'il faut inventorier. Espérons qu'à la lumière de ce modeste travail, certains auront envie de l'approfondir.
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