Après le domaine de Rancoulet, aujourd’hui disparu, dont nous avons récemment retrouvé l’emplacement, nous nous sommes mis sur la trace de la métairie de Contant. Bien avant que l’on ne bâtisse le lotissement Contant dans les années 1930 autour de la rue Pierre Curie, il existait le chemin de Contant. La rue Pierre de Coubertin a repris son tracé. Depuis la route de Toulopuse, il traversait la gare de l’Estagnol pour rejoindre la fameuse métairie, en bordure du canal.
Carte de Cassini
Dans un mémoire de l’Académie des Arts et des Sciences de Carcassonne, publié en 1894, le chanoine Sabarthès évoque brièvement l’origine de la métairie sans plus amples détails : « En 1729, les plans du territoire de Gougens désignaient ce domaine, situé près du nouveau canal, sous le nom de métairie de Fornier, mais dès 1759 jusqu’en 1792, le curé de Gougens l’appelle métairie du sieur Comptant, Content ou Contant. Ce nom lui est demeuré. Manzot et Contant appartiennent aux héritiers Mestre. »
Carte d'Etat-major (XIXe siècle)
À partir d’une étude généalogique très poussée, nous sommes parvenus avec ces maigres indices à retrouver l’ensemble des propriétaires de cette métairie depuis le début du XVIIIe siècle. La chose ne fut pas aisée, car les riches détenteurs de ces fermes n’y résidaient pas. La plupart du temps, ils vivaient dans leurs hôtels particuliers de la Ville basse et laissaient leurs terres à des métayers. C’est le cas de Bertrand Jacques de Fornier (1660-1710), avocat au parlement et marchand drapier. À deux reprises, il occupa même la charge de 1er consul de la ville jusqu’en 1705. La métairie avec son beau pigeonnier – signe de la noblesse de son propriétaire – portait donc le nom du sieur Fornier. D’après Mahul, le nom Fornier devint, par déformation occitane, Fournier. Le nom de la métairie changea après sa mort et, le mariage de sa fille Françoise († 1763) avec Jean-Baptiste Contant (1705-1775). Directeur des postes, originaire de Reims, le sieur Contant n’était à Carcassonne que depuis neuf mois au moment des épousailles. Veuf et sans enfant, il se trouva assez vigoureux pour se remarier avec Anne Carton, le 3 mars 1767. Elle lui donna une fille,Joséphine Contant (1770-1832), qui convola en juste noces avec Bernard Vidal (1756-1827). Le fils de Vital Vidal, receveur des droits casuels du roi, se fit appeler Vidal-Contant. Membre du corps législatif sous le Premier Empire de 1813 au 20 mars 1815, il adhéra à la déchéance de l’empereur. Cet homme politique d’importance occupa un siège au conseil municipal de Carcassonne sous le manda de Pech-Palajanel en 1812, fut conseiller d’arrondissement de 1819 à 1830 et membre de la société d’agriculture. Après avoir été bonapartiste, il s’en détourna pour le nouveau régime. Louis XVIII le décora même de l’ordre royal de la légion d’honneur.
Louis Edouard Bosc
Sans héritiers, il vendit la métairie de Contant et celle d’Alibert vers 1820 à Paul Jean Antoine Bosc (1770-1852), maire de Saissac et député de 1828 à 1831. Louis Edouard (1803-1885), le fils de ce marchand fabricant de draps, occupa le fauteuil de maire de Carcassonne. Sa fille Anne-Marie (1837-1922) épousa Jean Joseph « Paul » Maistre (1834-1909) ; un riche industriel de Villeneuvette dans l’Hérault.
Anne Marie Bosc, épouse Maistre
La faute orthographique du patronyme Mestre, tel que rédigé par l’abbé Sabarthès, nous mit dans l’erreur. Il s’agit de la famille Maistre. Casimir (1867-1957), leur fils, eut pour enfant Pauline (1898-1979). Elle épousa Robert Satgé (1890-1942), natif de Carcassonne, et donna naissance à Serge. C’est l’actuel propriétaire des domaines d’Alibert (ancien Manzot) et de Contant. Voici donc retracée l’histoire et la filiation de la métairie de Contant, que la Poste déforme sous le nom de Coutant.
Merci à Jacques Blanco pour son aide et sa photo
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