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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 267

  • Quand la ville de Carcassonne offrait des vacances en colonie à ses enfants

    Au lendemain de la Libération, le Conseil National de la Résistance venait depuis peu de fonder la Sécurité sociale ; chaque français quels que soient ses moyens pouvait désormais se faire soigner. Les municipalités allaient de leur côté, avec l'appui de l'appui de cette nouvelle administration, créer des colonies de vacances pour les enfants de 4 à 15 ans durant trente jours. De 35 000 enfants en 1945, le nombre passa à 800 000 deux ans plus tard. L'état participait à hauteur de 50 % sur le coût de fonctionnement des séjours et afin d'en garantir la qualité, il créait en 1949 le diplôme de Directeur et de Moniteur de la Colonies de vacances. Aujourd'hui, nombreuses sont les communes qui ont vendu leurs centres de vacances et bientôt, la Sécurité sociale ne sera plus qu'un lointain souvenir. Il nous restera les vieux articles de journaux et les photographies jaunies, pour raconter aux plus jeunes ce à quoi ils n'ont plus droit. Il faut croire que la génération du baby-boom qui a largement profité de ces avancées sociales, considère qu'il est maintenant trop coûteux de conserver ce système pour leurs petits enfants. C'est ce que l'on appellera sans doute la solidarité générationelle à sens unique, puisqu'actuellement c'est nous qui payons leurs retraites.

    Il était une fois, une vie de château...

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    Le château de la Bourdette près de la Bastide de Sérou dans l'Ariège fut construit en 1901 par le général d'Ambois de Latour. En 1948, les propriétaires assommés par le poids des impôts finirent par le céder à un chevillard, qui en fit de même en 1950. La ville de Carcassonne se porta alors acquéreur de la belle demeure, non pas pour y installer - comme dans un endroit que je ne citerai pas - la résidence d'été de certains élus, mais pour en faire profiter les enfants de la commune. On doit cette initiative au maire Marcel Itard-Longueville. "Quand la République achète des châteaux, les enfants des villes vont à la campagne". Il fallut aménager ce bâtiment afin d'y accueillir 200 personnes dont 150 enfants. Le chef de la colonie de la ville de Carcassonne était M. Paul Charles, professeur d'Anglais.

    Juillet 1952. Colonie Bastide de Sérou. Photo Portes.jpg

    © Marie Saleun

    Départ pour la Bastide de Sérou en juillet 1952

    Au château de la Bourdette, on ouvrait les yeux, le matin dans un grand dortoir qui fleurait l'encaustique fraîche sur un paysage de verdure que chacun respectera. Puis, dans une grande salle couverte, sur des tables aux couleurs vives, un petit déjeuner copieux fait de Phoscao au lait, de café au lait, de chocolat accompagné de miel, de beurre ou de confitures, est servi. 

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    Le grand salon

    Les enfants font leurs lits, les moniteurs aidant les plus petits, et le personnel attaché à la colonie se chargeant des travaux ménagers. Ensuite, liberté totale...

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    M. Charles entouré du personnel de la colonie

    Celui-ci flânera dans le parc à la recherche de fleurs ou de feuilles rares pour son herbier, celle-là rejoint ses camarades à l'atelier de vacances, cette autre va faire de la photographie avec un moniteur vietnamien qui a passionné tous les enfants pour cet art, etc...

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    Tous les repas se déroulent dans l'ordre, sous l'oeil attentif des moniteurs, lesquels prennent leur repas avant les enfants. On est propre parce qu'il y a partout des lavabos brillants, parce qu'on passe régulièrement à la douche, et parce que les mamans ont muni leurs enfants d'un trousseau commode et suffisant.

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    Sortie à Alet-les-bains

    On vit en équipes, et on se donne des noms de fleurs (Les colchiques, les bleuets, les jonquilles) ou de guerre (Les Huns, les mousquetaires, les conquérants).

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    M. Paul Charles, le chef

    Pendant les vacances, Paul Charles était le "Grand chef" des deux cents garçons en juillet, et des deux cents filles en août. Le Grand chef c'est quelqu'un qu'on révère et qu'on vénère. D'abord, parce qu'il sait tout et qu'il arrange tout. Il était très apprécié des commerçants de la Bastide de Sérou.

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    La visite des parents

    Un matin, une monitrice, à la suite d'une querelle avec un moniteur, disparut de la colonie. les enfants se précipitent, vont chercher M. Charles qui les rassure, et dit qu'on va organiser des recherches. Les Jonquilles iront sur la gauche, les mousquetaires vers la rivière, les chevaliers au village, et les myosotis vers la montagne. On va téléphoner à la Bastide de Sérou alerter les gendarmes, prévenir le pharmacien en cas d'accident ; bref, branle-bas de combat.

    On a cherché toute la journée, ou presque ; les gendarmes sont venus ; les habitants ont dit qu'ils avaient vu passer une jeune fille qui pleurait.

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    La monitrice, on l'a retrouvée, finalement cachée dans les gerbes de blé. M. Charles l'a ramenée sous bonne garde, disant qu'on verrait après quelle sanction lui infliger. Mais il y a bien sûr un épilogue : le moniteur, cause indirecte de la fugue, fut retrouvé... juste à temps lui aussi. Pris de remords, n'allait-il pas faire une bêtise ? On le ramena sous bonne escorte, juste au moment où sonnait la cloche du dîner. Alors, quand les deux cents gosses furent à table, le Grand chef vint, avec tous les héros du drame et dit que ce fut un grand jeu pour lequel les enfants marchèrent à fond. Il y a en a quelques-uns qui pleurèrent, qui découvraient soudain que ç'aurait pu être vrai, et du même coup, combien ils étaient attachés à leur monitrice, et quelles conséquences, peuvent avoir les disputes, même insignifiantes. On s'est retrouvé tout d'un coup plus amis encore, et l'union de la colonie a été cimentée d'un coup.

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    Le 30 avril 1965, le conseil municipal de Jules Fil décidait de vendre la colonie de vacances de l'Ariège.

    "En présence des insuffisances de la colonie de la Bastide de Sérou, au regard de la nouvelle réglementation applicable tant au point de vue sanitaire qu'au point de vue de la sécurité, à quoi s'ajoutent d'autres inconvénients qui se sont révélés à la longue, depuis que la ville a fait l'acquisition du château de Labourdette : éloignement, climat fortement humide, entretien onéreux d'une bâtisse peu fonctionnelle."

    La Goutarende...

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    La Goutarende à Cuxac-Cabardès offrait plusieurs possibilités : 2 séjours de 28 jours pour la colonie de vacances, 2 séjours de 28 jours pour pré-adolescents, 2 séjours de 24 jours pour adolescents. En 1978, la ville de Carcassonne participait à une bourse de vacances de 84 francs par séjour pour la colonie. La Caisse d'allocations familiales, les comité d'entreprises et les comité d'oeuvres sociales aidaient les familles sous forme de "bons de participation".

    Après une gestion confiée à la FAOL qui avait cessé toute activité de ce genre, la colonie fut vendue par la ville de Carcassonne le 27 septembre 1991.

    Sources

    Un grand merci à M. Jullian Charles

    Bulletins municipaux, articles de presse, délibérations CM

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  • Jacques Hippeau (1925-1996), artiste peintre Carcassonnais

    C'est à Hiersac dans le département de la Charente que Jacques Hippeau voit le jour en 1925. Sa passion pour le dessin l'amène tout naturellement à fréquenter l'école des Beaux-Arts de Tours, Bourges et Paris, avant de s'installer à Carcassonne en 1960. Il est alors nommé comme professeur de dessin au lycée Paul Sabatier ; il le quittera ensuite pour le collège du Bastion où il restera quinze années.

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    Jacques Hippeau

    Son atelier se trouve dans le quartier de l'Estagnol. Là, sous la verrière, ce virtuose de la couleur et du mouvement s'adonne à son art avec passion. De ce lieu sortiront ces plus belles oeuvres exposées au Salon d'Automne de Paris et dans d'autres villes en France et en Europe. 

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    A partir de 1980 il s’intéresse à la tapisserie. Toutes les siennes ont été tissées à l’atelier de Madame Annie Clochard, ancienne élève de l’école d’arts décoratifs d’Aubusson, sur métier de basse lisse.
    Dans ses tapisseries il réduit le nombre des couleurs à une trentaine, presqu’aussi peu qu’au Moyen Age. Il obtient les nuances et demi-tons par la très grande variété du tissage. Dans la Maison des sports (ancienne Ecole normale, avenue général Leclerc), sont accrochées quatre oeuvres sur bois peint acquises par le Conseil général vers 1981.

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    Une mêlée de rugby

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    C'est lors de l'exposition du mois de décembre 1996 au restaurant l'Ecurie, bd Barbès à Carcassonne, qu'est décédé Jacques Hippeau. Il avait réalisé lui-même l'affiche et signé le livre d'or. Eddy Aguilar a eu l'amabilité de ma faire une copie de cette signature.

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    Affiche de l'exposition

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    Nous remercions Pierre Villac, Anne Hippeau et Eddy Aguilar

    Pour davantage de renseignements, nous vous conseillons la lecture du site consacré à Jacques Hippeau. Sa fille Anne perpétue le souvenir artistique de son père, à travers de nombreuses expositions.

    http://hippeau.net/index.php

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  • Inédit ! La lettre d'adieu de Marceau Perrutel (1908-1944) à son père

    Marceau Perrutel naît à Castelnaudary en 1908. Pendant l'occupation, il rejoint la clandestinité et organise le maquis de l'Aveyron, dont il sera le chef départemental FFI. Ce patriote avait été arrêté le 26 juillet 1944 à Millau Plage en compagnie de ses deux camarades Henri Froment et René Verdier. Trouvé par un berger au ravin de la Canebière situé à proximité de la Borie Blanque, il avait été torturé puis froidement abattu par la Milice française le 6 août 1944 à coups de révolver.

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    © ADA 11

    Lettre inédite 

    Monsieur le commissaire de Millau,

    Je vous fais parvenir cette lettre, d'abord pour vous dire que la plupart des pièces qui ont été produites dans mon affaire sont fausses. J'ai un nom et un matricule des F.F.I. Monsieur le commissaire, je vous saurais gré de bien vouloir faire parvenir cette lettre à mon père 7, enclos St-Louis. Route de Montréal à Carcassonne.

    Bien cher père et toute la famille,

    Je vais mourir. C'est pour la France, mais je t'assure que je ne compte pas mourir dans des circonstances aussi odieuses. Ici, on m'accuse de tout, de l'armée de Staline, alors que je n'ai jamais servi que dans les Forces Françaises de l'Intérieur. Ceci leur permet de me tuer comme un chenapan, sans patrie ni drapeau. Sans doute, je vais mourir écharpé, mais qu'à cela ne tienne, ma conscience est propre. Ici on me reproche les sabotages ; à mon avis, il vaut bien mieux cela que l'aviation qui détruit tout et manque souvent le but.

    Pour ma part, de toutes les actions auxquelles j'ai participé, aucune vie humaine n'est à regretter, et cela me réconforte. Eux, font comme s'ils ne faisaient pas de victimes. Voilà huit jours que j'attends la mort ; enfin elle vient, je l'en remercie, mais c'est sous la forme du martyre. Rose est certainement morte aussi.

    La foule a manifesté pour moi, c'est tout ce qui me réconforte car elle ne croit pas aux mensonges et me prend pour un de ses fils. Cher père, tu ne peux comprendre combien de loin j'ai pensé à toi. Encore, lorsque la foule manifestait, je pensais à toi, je te voyais traîner dans la foule. C'est avec cette pensée que je vais mourir. Ici, on refuse à me prendre pour un soldat des F.F.I. Pourtant c'est bien avec honneur que j'ai servi pour la France ; car les sabotages que l'on nous reproche nous ont été enseignés par des officiers parachutés d'Algérie. Ceci c'est pour te mettre au courant de ce faisait ton fils. Je termine en t'embrassant bien fort ainsi que toute la famille. N'oublie pas d'aller apporter la nouvelle aux parents de Rose.

    Pour la France - Pour le drapeau - Adieu mon père.

    Marceau Perrutel

     

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    © Maquisards de France

    Stèle commémorative située à Milhau au "Haut du Crès"

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    La rue Marceau Perrutel depuis le 23 novembre 1944

    Située dans le quartier des Capucins, cette rue porte d'abord par arrêté municipal du 28 décembre 1868, le nom de rue Neuve du Mail. Elle conduisait au jeu du mail qui se partiquait sur des terrains aménagés pas très loin de là.

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