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  • La famille Schwayder, réfugiée à Carcassonne et exterminée à Auschwitz.

    Au mois d'août 1940, la famille Schwayder de confession juive quitte Saint-Leu-la-forêt et se réfugie à Carcassonne, située en zone non occupée, chez un ami de Caunes-Minervois nommé Sabarthès. Ceci, bien entendu, afin d'éviter d'être arrêtée par les nazis. Henri, Sarah, Marthe et Rachel sont logés chez Madame veuve Castan, avec leur amie Marguerite Regairaz dans une maison située au n° 52 de la route minervoise. Henri travaillera au ravitaillement des viandes et Marthe, à la perception. Comme beaucoup de juifs français, ils s'étaient signalés comme tels auprès de la préfecture, suivant les lois de Vichy.

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    A l'angle de la rue Parmentier et de la route Minervoise, étaient logée la famille Schwayder

    Le 18 mai 1944, Mlle Regairaz se présente affolée chez le voisin Léon Fraîche avec lequel la famille entretient d'excellent rapports. La Gestapo vient d'arrêter à leur domicile les quatre frères et sœurs Schwayder. Deux agents en civil, se sont présentés chez eux au moment du dîner. Ils demandèrent M. Schwayder ; Henri répondit, lequel ? Ensuite, la Gestapo les obligea à la suivre, mais comme elle ne disposait qu'un d'un petit véhicule, elle fit deux voyages. Ainsi, les quatre membres de la famille Schwayder se retrouvèrent au siège du SD, route de Toulouse.

    La veille, un inconnu s'était présenté chez les Schwayder vers 22 heures pour les avertir que leur arrestation allait intervenir durant la nuit. Henri Schwayder se sentant seul visé, alla coucher chez un ami en ville. Nous savons ceci grâce au témoignage de Léon Fraîche, à qui Henri se confia. Ce dernier lui laissa même une petite valise qu'il avait préparée en vue de son départ. Le lendemain vers 11 heures du matin, apprenant que rien ne s'était passé au cours de la nuit, Henri Schwayder est rentré chez lui, tranquillisé, déclarant même qu'il devait s'agir d'un faux renseignement. 

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    La rampe d'Auschwitz à l'arrivée d'un convoi

    Après leur arrestation, les Schwayder seront internés à Drancy avant leur départ en wagon à Bestiaux vers Auschwitz. Ils seront gazés dès leur arrivée au camp, le 4 juin 1944. Deux autres frères, Ernest (73, rue du maréchal Foch à Taverny) et Charles (à Cachan) essaieront de savoir ce qu'il est arrivé à leur famille. En 1946, la ville de Carcassonne déclarera les quatre Schwayder comme décédés. Nous avons retrouvés leurs noms dans le Journal Officiel du 2 janvier 2001.

    Henri, né le 30.12.1884 à Paris. † 4 juin 1944 à Auschwitz.

    Marthe, née le 25.11.1944 à Paris. † 4 juin 1944 à Auschwitz.

    Rachel, née le 12.07.1886 à Paris. † 4 juin 1944 à Auschwitz.

    Sarah, née le 2.07.1882. † 4 juin 1944 à Auschwitz.

    D'après l'enquête menée par Charles Schwayder, ses frères et sœurs ont été "arrêtés sur dénonciations de deux collaborateurs volontaires, complices d'assassins, les nommés le chef de division au service des étrangers de la préfecture de l'Aude, et le sieur le chef de bureau au service des étrangers à la dite préfecture pendant l'Occupation, et actuellement encore. Quelques jours après l'arrestation de mes frères et sœurs, quatre allemands, sous la conduite d'un nommé Mayer, sous officier à la Kommandantur de Carcassonne, sont venus piller leurs affaires enfermées dans des salles entreposées bénévolement chez M. Fraîche, important tout : vêtements, vaisselle, bijoux et argent, plus un peu de ce qui appartenait à leur propriétaire M. Fraîche. Sans les indications des deux personnages cités plus haut M et S, les boches n'auraient jamais eu connaissance des noms des membres de ma famille."

    Dans cette enquête diligentée par le parquet en 1947, le résistant Albert Piccolo déclare que "Monsieur Roger S, fournissait la liste des réfugiés juifs à la police allemande". Dans cette triste histoire, on peut retenir que les juifs français se sentaient en confiance dans leur pays. Que les allemands n'auraient pas pu intervenir sans l'appui des fonctionnaires de l'Etat-Français. 

    Sources

    Archives du Service Historique de la Défense

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  • Deux ans et demi après sa destruction... qu'est devenu le site de la villa de la Gestapo ?

    Inutile de rappeler ici le combat que j'ai mené pour tenter de sauver l'ancienne villa de la Gestapo, lieu de triste mémoire de l'Occupation allemande à Carcassonne. En février 2015, Habitat Audois obtenait sa destruction et quelques mois après, une association d'anciens combattants - qui ne s'était pas mobilisée pour empêcher sa ruine - faisait apposer à renfort de drapeaux de sonneries patriotiques, une plaque commémorative. 

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    Deux ans et demi sont passés... La maison a disparu et des logements sociaux ont été construits en hâte à l'arrière du site. Le beau portail d'entrée en fer forgé a cédé sa place à une tôle ondulée tenue par des cadenas ; l'ancien jardin est noyé sous les herbes folles.

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    Voilà le triste spectacle d'un lieu de mémoire tragique pour les patriotes de la Résistance française, que l'on a pas souhaité conserver et qui donne un piètre aspect à l'avenue Roosevelt.
    On pourra nous dire (deux ans et demi après) que ce n'est pas terminé, mais les gens ont été logés dans les nouveaux bâtiments. Qu'attend le bailleur social ?

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    Il n'est jamais bon d'avoir raison trop tôt... Quand je disais que le bailleur social n'avait rien à faire de l'histoire de la Résistance audoise à l'oppression nazie. La vérité toute nue éclate à la figure de ceux qui prétendaient le contraire ; aujourd'hui responsables de ne pas m'avoir entendu.

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    La villa avant sa destruction en 2014

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  • Filouteries, cocasseries et coups bas politiques à Carcassonne dans les années 1990...

    La fin des années 1980 venait de voir le maire Raymond Chésa réélu au 1er tour des municipales. Le Parti Socialiste déjà divisé en mars 1983 avait laissé filé la gestion de la ville entre les mains d'une alliance RPR-UDF. Au moment de la revanche, il n'avait sûrement pas rangé tous les couteaux au vestiaire. Tant et si bien qu'en mars 1989, quelques uns parmi ses porte-flingues devaient se charger - en toute discrétion - de savonner la planche d'un chirurgien, dont le PS local avait fait son candidat. Le Dr Roger Bertrand, honnête homme très apprécié de sa profession, était envoyé au casse-pipe contre Raymond de la Trivalle. Quelques jours avant le premier tour, un sondage réalisé par Publimétrie pour La dépêche, donnait  Liste RPR-UDF Chésa (47%), Liste PS-PC Bertrand (40%), Liste FN Alaux (6%) et Liste Ecologiste Doucet (7%). Le second tour, indiquait une victoire de Chésa à 54% contre 46 %. 

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    Au soir du premier tour de scrutin, la liste sortante de Chésa remportait l'élection dès le premier tour avec plus de 50% des voix. Jamais une liste de droite n'avait battu la gauche à Carcassonne avec autant de marge. Si ! En mars 1983, mais cela devait être un accident, pensait-on rue Fédou, à cause de la présence de trois listes de gauche sur fond de rivalités internes. Les barons du Ps local avaient envoyé le Dr Bertrand à la charge, sachant pertinemment qu'il ne bénéficierait pas du total soutien de son camp. Aujourd'hui, on sait que le socialiste Raymond Courrière - Président du Conseil général de l'Aude - ne voulait pas de Roger Bertrand à la mairie. L'électron libre incorruptible avait largement ouvert sa liste à des personnes de la société civile et composé un programme largement tourné vers la culture et le tourisme. Si Bertrand gagnait, le PS gagnait. Si Bertrand perdait, le responsable se serait lui. La dépêche du midi - organe officieux du Ps dans l'Aude - titrait le lendemain : 37,7% de fièvre pour le Dr Roger Bertrand.

     

    Don Camillo contre Pépone

    Au mois de novembre 1991, l'abbé Jean Cazaux entame une grève de la faim afin de protester contre la construction en face de l'entrée de l'église St-Vincent, d'un immeuble HLM. L'affaire s'emballe avec la constitution d'un comité de défense, la pétition signée à l'intérieur de l'église et la veillée nocturne des soutiens de l'abbé pour empêcher les travaux. 

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    Le journal télévisé de Tf1 en fait sa une, le maire se déplace au chevet du curé qui n'entend pas céder tant que le projet ne sera pas enterré. Il a même fait son testament... Cette histoire ira de procédure en procédures avec l'avocat Jean-Marie Bourland ; elle durera jusqu'en 1993 puisque l'association utilisera tous les recours possibles en justice.

     

    Raymond des villes et Raymond des Champs

    Lors des élections cantonales de 1992, la majorité présidentielle de François Mitterand est en grande difficulté à cause du financement occulte du Parti Socialiste. C'est l'affaire URBA... Cette année-là, le Conseil général de l'Aude va passer de un à six représentants de la droite. Dans l'histoire du département cela n'est jamais arrivé, encore aujourd'hui le PS possède la totalité des sièges. Souvenez-vous des municipales de 1989, dans lesquelles Chésa aurait obtenu un coup de main de Courrière. En mars 1992, l'ancien secrétaire d'état de Mitterrand est en ballotage plutôt défavorable dans son canton d'Alzonne. Au second tour, il n'est pas exclu qu'il soit battu par Jean Diviez, alors maire de Pezens. Si cela se produisait, il perdrait également sa présidence du Conseil général. Raymond Chésa va lui donner un coup de main... Il prend son téléphone et appelle les sœurs du couvent de Montolieu en leur demandant de voter Courrière. Chésa réussit à les convaincre, non sans quelques réticences ; une seule se serait abstenue. Tant que Courrière fut le président du Conseil général de l'Aude, il y eut un accord oral entre les deux hommes politiquement opposés. "Tu ne m'emmerdes pas au département, je te laisse tranquille à la mairie." Courrière et Chésa, chefs locaux de leurs partis respectifs, purent ainsi décider des candidats qui allaient s'affronter. Peut-être pendant une parti de pêche, au cours de laquelle ces deux meilleurs ennemis avaient l'habitude de participer.

     

    Remue ménage au conseil municipal

    Le 2 avril 1992, le conseil municipal examine l'inscription de la dette Orta au budget de la ville. Jusque-là, le maire avait toujours dit que les Carcassonnais ne paieraient pas un centime. Avec 20 milliards de nouveaux francs, on aurait pu construire des choses à Carcassonne depuis 1992. C'est alors que neuf élus de sa majorité vont se ranger dans le camp de l'opposition, afin de protester contre une gestion de la ville, qu'ils estiment autoritaire de la part du maire. Parmi eux, on peut citer Jacques Albarel, Nicole Bertrou, Charles Domas, Sauveur Jordan, Michel Sampiétro, Didier Jocteur-Monrozier, etc. Certains sont adjoints et malgré les injonctions du maire, refusent de démissionner. Coup de théâtre ! Raymond Chésa annonce le 4 avril 1992 qu'il décide de démissionner de son poste de maire, tout en restant conseiller municipal. De fait, les adjoints sont également démissionnaires. C'est la loi ; il les force ainsi à s'y soumettre. De nouvelles élections auront lieu au sein du conseil municipal et se termineront par un coup de poker gagnant de Chésa. Avec 24 voix de majorité contre 19, il est réélu. Les adjoints félons redeviennent conseillers municipaux mais dans l'opposition, où ils siègeront pendant trois ans. 

     

    Jean-François Daraud Président

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    © L'indépendant

    Au mois d'avril 1995, Jean-François Daraud alias M. Scoumoune, annonce à la télévision régionale qu'il est candidat à l'élection présidentielle sous l'étiquette du Parti d'en rire. Très sérieusement, celui qui vient d'être candidat en 2017 aux législatives dans l'Aude sous la bannière du FN, prétend avoir recueilli 440 signatures. Son programme sera accès sur les handicapé et le monde rural.

    "Ce qui fait un petit mal c'est cette désertification. Tous les gens vont s'entasser un petit peu dans les villes. Et le second axe de ma campagne c'est la défense des handicapés. Parce que la plus grande exclusion qui existe en France, c'est ni avec les Blacks, ni avec les musulmans, que bien heureusement je précise pour qu'il n'y ait pas d'amalgame, on rencontre à tous les coins de rues, tandis que les handicapés, rien n'est fait pour eux. Ils ne peuvent aller dans les toilettes, ni les cinémas. Il représentent 10% de la population." (FR3 Auvergne / 1995)

     

    Chésa contre le meilleur ami de l'homme

     Le 21 décembre 1992, la ville de Carcassonne prend un arrêté interdisant les chiens mêmes tenus en laisse dans le centre-ville entre 9h et 19h. Les contrevenants s'exposeront à une amende de 75 francs (80 €) dressée par la police municipale. Le journal de Jean-Pierre Perrault sur Tf1 y consacre un reportage. Le maire explique que c'est le seul moyen pour lutter contre les déjections canines.

     

    Pas de rue pour Mitterrand

    Un mois et demi après le décès de l'ancien Président de la République, l'opposition socialiste au conseil municipal propose l'attribution d'un espace public au nom de François Mitterrand. Le maire qui n'a pas l'intention d'abonder dans leur sens, fait voter à bulletin secret. La majorité municipale vote contre et le projet est rejeté. Contacté par la télévision l'adjoint Alfred Rispoli déclare que c'était prématuré. Celle-ci termine son reportage en rappelant que dès 1944, le conseil municipal donnait une place au général de Gaulle et qu'il existait un rond-point Pompidou. Il faudra attendre l'élection de Jean-Claude Pérez en 2009 pour qu'un espace public porte le nom de François Mitterand. Soit 13 ans après sa mort, cette fois plus de prématurée...

     

    Benetton pas à l'affiche

    En 1993, la marque de vêtements fait scandale avec des publicités assez provocantes. Le maire Raymond Chésa prend un arrêté afin d'interdire les affiches Benetton sur l'ensemble de la commune. Le magasin de la place Carnot indique que cette publicité n'est pas prévue à Carcassonne. Raymond Chésa trouve choquant de présenter les habits d'un soldat des Nations Unies maculé de sang. L'affaire a défrayé la chronique nationale et alimenta le journal de Tf1.

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