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  • Jacques Miquel est mort. Un bienfaiteur de Carcassonne s'en est allé.

    Il s’est éteint hier matin dans son sommeil à l’âge de 89 ans. Fils d’une famille de bouchers installés dans la rue de Verdun, Jacques Miquel suit dans son enfance des cours privés de dessin chez Cécile Rives. L’aquarelliste, fille du peintre Antony Rives, a son atelier dans le quartier du Palais de justice et Jacques s’y rend régulièrement. Le jeune paraît posséder un bon coup de crayon, mais c’est pour un autre art qu’il se destine. À l’école Saint-Stanilas, le maître Michel Mir dispense des cours de musique. C’est l’ancien premier violon des concerts Lamoureux de Paris. A Carcassonne, il a pris la direction de l’Harmonie Sainte-Cécile et des concerts symphoniques. Jacques Miquel se rendra très souvent chez son maître dont la maison jouxte le café Barthe, boulevard de Varsovie. La rigueur du solfège, des dictées de rythme et de l’harmonie n’ont presque plus de secrets pour Jacques Miquel lorsqu’il réussit son concours d’entrée au conservatoire de Toulouse en classe de saxophone. Il en sortira avec un premier prix.

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    Concert de la Sainte-Cécile à la cathédrale

    À Carcassonne, Jacques Miquel s’implique tout naturellement dans le milieu musical de la ville. D’abord professeur de saxophone à l’école de musique, mais également instrumentiste dans l’harmonie municipale, il remplacera René Cadrès à la tête de ses deux institutions. Au début des années 1980, l’harmonie compte encore plusieurs anciens musiciens comme Rajol, Mattéo ou encore Lécina. C’est une phalange d’une bonne trentaine d’instrumentistes qui répète dans une salle de l’ancienne école Victor Hugo, appelée Michel Mir. Bon nombre d’entre eux sont les professeurs de l’école de musique, située dans l’ancien lycée de la rue Littré.

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    Après la mort de Jean Alary en 1984, Jacques Miquel prendra la direction du Théâtre municipal puis, par intérim, du Festival de la Cité. Il en assurera la programmation, seul puis conjointement avec Georges-François Hirsch avant l’arrivée de Paul Barrière en 1991. L’éclectisme du festival mis sur pied par Jean Alary se poursuivra sous la houlette d’un Jacques Miquel, féru de musique symphonique et d’oeuvres lyriques. L’amitié qu’il entretient avec Michel Plasson, le prestigieux chef de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse n’est pas étrangère à ses choix. Tout comme les liens qu’il noue depuis longtemps avec Jose Aquino, le chef des choeurs du Lauragais. Une étroite collaboration qui vaut aux Choeurs de Carcassonne et du Festival, dirigés par Jacques Miquel, d’être régulièrement invités pour suppléer le Capitole de Toulouse. Ce sera notamment le cas pour l’opéra Samson et Dalila, donné en juillet 1989 dans le Grand théâtre de la Cité, ou pour le Faust de Gounod avec l’opéra royal de Wallonie.

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    Jacques Miquel, Paul Barrière, Michel Plasson

    Faire de la musique sérieusement, sans se prendre au sérieux. N’est-ce pas cela Jacques Miquel ? Sans oublier, Mimi, son épouse si dévouée. Ni toute une équipe de bénévoles poussée par l’enthousiasme et s’élevant par dessus les difficultés musicales de partitions pas toujours commodes. C’est encore Jacques Miquel qui programma deux créations d’opérettes dans la saison du théâtre municipal, où artistes amateurs et professionnels ne faisaient qu’une seule et même voix. Toujours les choeurs de Carcassonne ! Que d’opérettes furent montées entre 1988 jusqu’à sa retraite avec le concours de Carlo di Angelo et de Claude Cugulière. Il arriva parfois même que Jacques, sous un pseudonyme, en dessinât l’affiche. Nous pourrions aussi évoquer l’organisation du repas de la Sainte-Cécile chaque 22 novembre.

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    Jacques Miquel et Henri Tort-Nouguès lors d'une conférence

    Difficile d’être exhaustif tant Jacques Miquel a donné pour la valorisation de la musique à Carcassonne. À titre personnel, je lui dois de m’avoir fait débuter. D’abord comme amateur, puis ensuite de m’avoir engagé comme professionnel. Cet homme élégant, affable, courtois et cultivé va cruellement manquer dans le paysage musical audois. Cher Jacques, je ne vous oublierai pas.

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    © La dépêche

    Jacques Miquel avait été Président de l'Ordre national du mérite de l'Aude

    Les obsèques de Jacques Michel auront lieu à la cathédrale Saint-Michel le jeudi 5 septembre à 10 h. Toutes mes condoléances à Mimi, Jean-Marc et toute sa famille.

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