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Robert Messarra (1944-2012). Carcassonne, comme une vigie sur le Liban

Déraciné comme un cèdre que la guerre aurait arraché à sa terre nourricière, Robert Messarra se réfugie en France en 1978. Là-bas, il a laissé derrière lui le Liban où il vit le jour le 20 janvier 1944. Meurtrissure d’un artiste très tôt orphelin, exilé, où la nostalgie des jours heureux, jusqu’à la mort, ne le quitta pas. Ses jeunes années, répondant à l’appel d’une indicible nécessité de peintre, il les consacre dans l’étude de ses maîtres. D’abord à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts, puis à Pérouse en Italie. Le professeur Messarra de la Y.W.C.A de Beyrouth n’a que vingt-cinq ans. L’amour de sa vie, l’amour d’une vie c’est Marie-Hélène ; cet éminent professeur et docteur es lettres de l’université libanaise. Connectivité intellectuelle et spirituelle, le couple fonctionne comme une seule et même âme. Elle le porte sur les voies du succès et de la reconnaissance.

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Il y eut cette vie de l’autre côté de la Méditerranée, à jamais écorchée par les tourments d’un adieu déchirant. « Partir c’est mourir un peu, c’est mourir à ceux qu’on aime. On laisse un peu de soi-même en toute heure et en tout lieu », écrivit le poète Edmond Haraucourt. On emporte toujours quelque chose avec soi sur la route de l’exil. Robert Messarra dissimula dans ses valises, le coucher du soleil au-dessus de la cité antique de Baalbek, les senteurs du marché de Beyrouth ou encore l’ondulante brise marine sur la plage de Jounieh. 

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Nul doute qu’à Paris, le pesante moiteur s’accroche aux chaleureux esprits fraîchement débarqués des pays de lumière. Leurs couleurs irisent le gris des âmes serviles, promptes à de mélancoliques et dépressives humeurs. Le couple s’installe à Courbevoie. Son chevalet enlace des brassées de pigments. C’est le caravansérail de la Békaa qui s’avance au rythme du Dabkeh. Alors Robert saisit son couteau. La danse du sage exécute sur la toile l’héritage des ancêtres, fruits de multiples et généreuses migrations. 

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Les expositions s’enchaînent, les récompenses honorent le travail de l’artiste. AKOUN consacre son oeuvre parmi les plus remarquables. Et puis, un jour, porté par d’oniriques fantasmes, l’homme songe à se rapprocher de sa terre. À Carcassonne, il compte planter une vigie d’où il pourrait observer l’autre rive. Accueil timide mais touchant de quelques habitants prêts à satisfaire ce désir. On lui offre le gîte pour un temps, puis le couple aménage dans cette ville aux murs deux fois millénaires. Une réalité les rattrape assez vite, Carcassonne n’est pas Beyrouth. Mirage d’un désir au charme évanescent. La pierre séculaire entourant de prophétiques assemblées d’amis s’ébranle sous leurs pieds, ne laissant que le sable de la solitude.

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Détresse à Carcassonne, c’est le titre. Le dernier souffle d’un artiste devenu poussière d’étoile, le 22 octobre 2012. Lorsque le ciel est clair, détournez vos yeux de l’axe de la terre. Tout en haut du ciel brille la lumière de Robert Messarra, elle vous indique le chemin vers le Liban.

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https://www.robert-messarra.com

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Commentaires

  • Robert Messara est mort bien jeune. Votre discours laisse subodorer un état "dépressif" à Carcassonne. A- t-il fait des expositions dans la région ? Il semble qu'il n'en ait faites qu'au Liban.

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