Le duel d'honneur est le fait pour un homme de "souffler" (généralement avec un gant) un adversaire ayant attenté à sa réputation ou à son honneur. Le refuser c'est prendre le risque de passer pour un lâche ou un traître et de perdre ses relations. Des règles codifiées organisaient les duels avec des témoins. Cette pratique va peu à peu tomber en désuétude, jusqu'à sa disparition presque totale après la Seconde Guerre Mondiale. Si aucun texte actuel ne prévoit explicitement l'interdiction des duels, il ne demeure pas point que les deux parties s'exposeraient au principe selon lequel "le consentement de la victime n'exclut pas la responsabilité de l'auteur d'une infraction. Le participant au duel se rendrait donc coupable, en cas de mort de l'autre, de meurtre, et en cas de blessure, de violences volontaires (avec circonstance aggravante : préméditation, usage d'une arme)."
Image extraite du film Barry Lyndon
Au début du XXe siècle, il y avait dans notre ville un certain nombre de journaux qui se partageaient la faveur des lecteurs : "La dépêche de Toulouse", dirigée à Carcassonne par l'avocat Osmin Nogué, beau-frère de Maurice et Albert Sarraut ; "Le petit Méridional" de M. Cabanis ; "L'Express du Midi" de M. Barrière ; "La France de Bordeaux" par M. Saunac ; "Le Télégramme" de M. Garès, oncle de René Descadeillas qui fut le directeur de la Bibliothèque municipale ; "Le courrier de l'Aude" d'Hippolyte de Bordas. La concurrence allait bon train et surtout l'animosité des différences politiques. Pour un mot ou pour un adjectif, on s'envoyait des témoins et Maître Abadie du 17e dragons préparait les combattants. Les combats en champ clos opposaient Garès à Nogué, Garès à Cabanis et Cabanis à Nogué. A l'issue de ce dernier duel, l'avocat Nogué fut assez sérieusement blessé au bras droit.
"Les garnements allaient chanter sous sa fenêtre le grand air des "Huguenots" de Meyerbeer : En mon bras droit, j'ai confiance."
Osmin Nogué
Parallèlement à ces combats politiques à Carcassonne, il y avait des duels provoqués pour des raisons d'ordre privé. Ville de garnison aristocratique, des intrigues trop poussées étaient la cause de combats courtois, mais ardents. Le dernier duel qui eut lieu fut celui de Jean Mistler - député de Castelnaudary, homme de lettres et Académicien - avec le baron Roger Detours, futur chef du 2e service de la Milice de l'Aude. Il date de 1934 ! A la suite des évènements de février, Mistler, faisant partie du gouvernement Daladier, souleva l'ire de Roger Detours, qui, le rencontrant au Café Terminus, le gifla à deux reprises
Jean Mistler
Mistler fit alors un discours. Il parla de la République, de ses immortels principes devant les jours de belote goguenards. L'affaire se termina au champ de tir de Villemaury, près de Palaja. Selon les chroniqueurs de l'époque, les pistolets partirent de travers...
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Commentaires
Merci. Jicédé.