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Et alors, ils ont tous crié à Carcassonne : "Vive Pétain"

Le 14 juin 1942, soit cinq mois avant que la zone sud ne devienne occupée, une foule de Carcassonnais en liesse s'est rassemblée le long de l'ancien boulevard Jean Jaurès, auquel on a donné depuis 1941 le nom du vainqueur de Verdun. On attend celui qui deux ans plus tôt, acceptant la défaite, avait serré la main d'Adolf Hitler à Montoire, signant l'entrée de la France dans la collaboration avec les nazis.

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Philippe Pétain,

chef de l'Etat français

arrive à la gare en présence de l'Amiral Platon (secrétaire d'état), du Dr Ménestrel (chef de cabinet) et du Commandant Bonhomme (Officier d'ordonnance du Maréchal). La troupe lui rend ensuite les honneurs militaires et le maire Jules Jourdanne, nommé par son gouvernement, l'accueille. Notons que ce dernier fut remplacé de manière arbitraire par Pétain, à la place d'Albert Tomey qui avait été démocratiquement élu. L'antiparlementarisme d'une droite extrème anti-dreyfussarde, héritée de la fin du XIXe siècle étalait au grand jour ses principes politiques, aidée en cela par une certain nombre de parlementaires Radicaux-socialistes ayant voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.

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Dans l'Aude, il s'agit de Jean Bousgarbiès (Parti Radical), Léon Castel (Parti Radical), Jacques Guilhem (Gauche démocratique), Jean Mistler (Parti Radical), maire de Castelnaudary jusqu'en 1942 qui malgré des fonctions sous Vichy entrerera à l'Académie Française en 1966, Clément Raynaud (Gauche démocratique) et Albert Sarraut (Gauche démocratique), directeur de la Dépêche du Midi. Cela n'a pas empêché René Coty de devenir Président de la République en 1954, même s'il s'était rangé ensuite du côté de la Résistance.

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Le Midi Socialiste

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Philippe Pétain salue la foule, boulevard de Varsovie.

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Devant l'ancien couvent de la croix, place Davilla, détruit en 1971

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Petite visite à la maternité avec M. Lachal, directeur général de la légion française des combattants. On a pris soin de poser sur le lit du bébé, une photo officielle du Maréchal.

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A la sortie de la maternité de Carcassonne

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Philippe Pétain, sur l'actuelle place du général de Gaulle.

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Boulevard Philippe Pétain, face à la Préfecture de l'Aude, le Maréchal et sa délégation défile devant une foule en liesse. Les enfants de toutes les écoles brandissent des drapeaux et chantent la gloire de Pétain. Les adultes crient : Vive Pétain. Les mêmes crieront Vive de Gaulle en 1945. A noter, sous la flèche rouge la présence de René Bousquet, qui se rendra ensuite complice de la déportation des juifs après avoir planifié et organisé la rafle du Vel d'Hiv. Ce dernier siègera au conseil d'administration de la Dépêche du Midi, après 1959. Il sera assassiné en 1989 par Christian Didier avant son procès pour Crime contre l'humanité, ce qui arrangea sans doute les affaires de beaucoup de personnes...

 

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Commentaires

  • De passage aussi à Narbonne où il fît un discours devant la gare.
    Après Carcassonne il ira à Castelnaudary

  • Christian Didier est décédé il y a 3 semaines.
    Il aurait déclaré à sa sortie de prison qu'il regrettait son geste imbécile.
    C'est Arnaud Montebourg, jeune avocat qui a pris sa défense.
    Lu dans Paris Match : "Christian Didier, toute sa vie, a couru après la notoriété. Il concède qu’en tuant Bousquet il espérait bien trouver grâce auprès des éditeurs pour les sept livres qu’il n’arrivait pas à publier. « Ce ne fut pas le cas, déplore-t-il. Mais mon nom a fait le tour du monde. »" Curieux motif pour assassiner !

  • Il est honorable, et exact, d'écrire que deux parlementaires Audois: Léon Blum, Député de Narbonne, et Henri Gout, Député de Carcassonne Maire de Citou Conseiller Général du Canton de Peyriac-Minervois ont refusés le mercredi 10 juillet 1940 de voter les pleins pouvoirs à Pétain. Tous les deux devaient payer cher ce geste Démocratique et Républicain.

  • Pour comprendre les mouvements de foule il faut savoir que les peuples vont où on leur dit d'aller, le mimétisme faisant le reste.

  • Effectivement, les français résistants ne furent pas majoritaires. La majorité est souvent bruyante avant d être parfois lâche et silencieuse. Certains trouvant des excuses aux bourreaux et des torts aux victimes...je pense a l affiche rouge etc. Après l histoire c est effectivement un peu de la lessive on la nettoie on la polisse, on la rend fréquentable, et elle ne devient parfois qu un simple souvenir passé aux oubliettes de la critique, empaillée, emballée et vendue...
    C est un peu comme pour l église cathare assassinée par l inquisition et aujourd'hui transformée en produits dérivés ..

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