En ma qualité de collectionneur de cartes postales de Carcassonne — comme chacun peut le penser — je me suis toujours demandé ce que signifiait le sigle TAM qui figure dans un coin de celles-ci. À force de recherches, j'ai découvert qu'il s'agissait de l'abréviation des
Travaux Aériens du Midi
Fondée le 4 juillet 1946 par Robert Ménard, concessionnaire Citroën à Carcassonne, la TAM a son siège 21 boulevard Omer Sarraut. Les Travaux Aériens du Midi s'étendent au Maroc et à Madagascar après avoir ouvert une succursale dans chacune de ces colonies. L'activité est au départ concentrée sur le travail agricole par épandage. Les appareils Piper de la société, au nombre de seize, avaient été équipés à l'arrière d'un réservoir et d'un diffuseur capables par un effet aérodynamique dans des venturis, d'épandre 100 à 150kg de produit en quelques minutes sur trois à trente hectares. Ce sont des engrais, graines de semence ou sulfate pour la vigne. À Madagascar, il s'agissait d'un traitement insecticide sur les champs de canne à sucre afin de combattre les ravages des sauterelles.
Henri Gantès, pilote de la TAM, diffuse le produit
L'utilisation de ce type de traitement par voie aérienne, nécessite des pilotes chevronnés capables de voler à basse altitude et de se poser sur des sols par toujours adaptés. À ces risques ajoutons un nombre d'heures de vol élevé, la fatigue et la toxicité des produits embarqués. Très souvent, les pilotes avaient été recrutés parmi des anciens de l'armée de l'air.
À Perrégaux (Algérie) en 1952, un Piper de la TAM dans les orangers
Dans l'Aude, la TAM dont les avions décollaient depuis l'aérodrome de Salvaza, disposait de pilotes tels que Maurice Boullu (Carcassonne), M. Reynès (Castelnaudary), Obrecht (ancien mécano de Mermoz). Dans le cadre de la coopération Franco-Magache, deux pilotes instructeurs furent détachés auprès du ministère malgache chargé de l'aviation civile, MM. Jean Cazelles (instructeur du Centre National de Carcassonne) et Henri Maurice. Dans le cadre de leurs missions, ils formèrent des pilotes dans certains aéroclubs et Jean Cazelles, des instructeurs de pilotes privés.
La photographie aérienne
Georges Andrieu au-dessus de la Cité en 1952
Équipés d'une caméra embarquée sur le bord de l'avion, l'opérateur prenait des clichés à moyenne altitude par déclenchement automatisé. Sur une photographie aérienne de l'usine SOMECA, l'opérateur-photographe de la TAM est M. Cousin et l'épreuve, développée et agrandie, par le studio Portes de Carcassonne. Comme l'éditeur de cartes postales Combier, rendu célèbre pour ses clichés aériens, Robert Ménard suivra cette voie et diffusera dans les bureaux de tabacs les vues du Carcassonne des années 50. C'est aujourd'hui une mine d'informations sur les transformations urbaines de la capitale audoise du milieu du XXe siècle.
Les Transports Aériens du Midi
En 1947, Robert Ménard lance deux lignes aériennes transversales de passagers. L'appareil est un Junker.
1. Bordeaux - Nice (via Toulouse, Montpellier, Marseille)
2. Biarritz - Marseille (via Pau, Toulouse, Castres, Carcassonne, Perpignan, Montpellier, Nîmes, Avignon)
Les escales sont facultatives et l'appareil ne se pose que s'il y a un passager à déposer ou à prendre. Sylvain Floirat (Patron de Bréguet et d'Europe 1) sera l'associé de Robert Ménard dans cette affaire, qui ne durera pas longtemps en raison des risques encourrus et du peu de rentabilité.
La TAM s'est alors orientée vers le transport en autobus
Sources
Le livre d'or de l'aviation Malgache
L'aviation à Carcassonne (Tome 3) / A. Raucoules
aviation-algerie.com
Je remercie Jean-François Ménard
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Commentaires
Article très intéressant Martial !
ANCIEN DES TAM MADAGASCAR, POUVEZ VOUS ME DONNER UN MAIL POUR DISCUTER DIRECTEMENT CORDIALEMENT JBA
En tant que fille de Robert MENARD je vous remercie pour toutes ces recherches qui ont complété mes propres connaissances ,et m’ont permis de revivre des moments de mon enfance.