Ce logis de l'Inquisition jouxtant la tour du même nom dans la Cité médiévale fut en son temps le lieu des interrogatoires des hérétiques. Après bien des acquisitions, il devint la propriété de la famille Julien qui exerçait la profession d'antiquaire dans la vieille ville à deux pas de là. Antoine Sarraute qui s'était marié avec la fille du marchand d'art, hérita du logis en 1911 qu'il aménagea avec du mobilier Renaissance. C'est précisément au cours de cette réhabilitation que les ouvriers découvrirent le mardi 13 avril 1913 vers 10 heures, un squelette d'une "envergure colossale". Trouvé dans une position à- peu-près verticale et la main droite à hauteur du côté gauche de la cage thoracique, il semblerait qu'il était en était de défense avant son trépas. Aucune trace de sépulture, seules quelques pierres le recouvraient. La terre passée au crible ne fit apparaître qu'une cheville en fer.
Le squelette exposé en 1913 dans le logis de l'Inquisition
Le journal anglais, le Daily Mail, informe ses lecteurs le 6 mai 1913 :
"Une découvert à Carcassonne. Tout récemment on a pratiqué des fouilles dans une de ces anciennes et intéressantes maisons de Carcassonne. C'est un manoir féodal, à deux étages, avec des murs d'une immense épaisseur, qui était autrefois relié aux remparts par un passage couvert. Cette maison était le quartier principal de l'Inquisition, dans cette partie de la France, depuis le commencement du XIIIe siècle jusque environ 1705, époque à laquelle mourut le dernier survivant de l'Inquisition. L'immeuble fut acheté par M. Julien qui résolut de faire des fouilles dans les souterrains, et, il y a quelques jours, on a découvert un squelette sous le plancher d'une salle sombre et sépulcrale, dans laquelle les Inquisiteurs interrogeaient les infortunés prisonniers, soupçonnés d'hérésie.
Le squelette est celui d'un homme de deux mètres et qui pouvait avoir quarante ans à l'époque de sa mort. Les os sont intacts, à l'exception des orteils qui ont été enlevés par le pic du terrassier, et il ne manque pas une seule dent. On a trouvé une énorme cheville rouillée tout près, et comme en ces temps-là pour donner la mort, on traversait le crâne par un clou, il est probable que les restes sont ceux d'une des premières victimes de l'Inquisition. Une autre version dit que le squelette est celui du dernier inquisiteur lui-même. Les fouilles continuent..."
La délivrance des emmurés de Carcassonne
(Jean-Paul Laurens)
Aujourd'hui encore le mystère reste entier... A qui appartient le squelette du logis de l'Inquisition ? Voilà une réponse à laquelle il sera bien difficile de répondre. Le plus embarrassant dans l'histoire, c'est d'abord de savoir ce qu'on en a fait.
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