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  • Faisons la rue de la Gare en 1935 !

    Dans les années 1930, la rue de la Gare - qu'aucun Carcassonnais digne de ce nom n'appelle Georges Clémenceau -connaissait une grande activité. Tous les commerces y étaient représentés. Les boutiques rivalisaient de talent pour afficher leurs plus belles vitrines et la nuit, tout brillait de mille feux. Certaines d'entre elles étaient encore éclairées avec des ampoules en filament de carbone. Les plus modernes s'équipaient de la grande nouveauté de l'époque : le néon. Un progrès qui faisait rouspéter les inconditionnels de la T.S.F, accusé de brouiller la réception. Le cinéma Le Rex dont la belle enseigne en néon clignotait toute la nuit, fut l'objet d'une plainte de la part des riverains. En ce temps là, la rue de la Gare n'était pas piétonne, mais le peu de véhicules en circulation ne posait pas les problèmes d'aujourd'hui.

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    Dès la nuit tombée, après la sortie des bureaux, des usines, des commerces locaux, tout le monde se retrouvait rue de la Gare. Jeunes, moins jeunes, notables, personnalités... De six à sept, ce cortège arpentait les Champs Elysées Carcassonnais à partir du café La Rotonde jusqu'à la mairie. Le sens unique était respecté ; les promeneurs venant de la Rotonde étaient à droite ; au retour, ils viraient à gauche. Et pendant plus d'une bonne heure, les promeneurs "faisaient la rue de la Gare". Cela à pas lents et mesurés, en grillant moules cigarettes. Les jeunes se retrouvaient en parlant du prochain bal ou de la prochaine fête de quartier - la ville en compatit une dizaine. Les autres évoquaient leurs problèmes quotidiens. Les notables parlaient politique, faisait en refaisant les gouvernements, critiquant ou approuvant la gestion municipale. Parmi ces notables assidus de l'artère principale de la ville, citons les avocats Georges Soum, Bousgarbiès, Colondre, Sigé, Morelli, Bourdel ; les docteurs Philippe Soum, Papou, Mourgues, Albert Tomey, Pinel, Lapeyre ; les adjoints au maire, Manas, Jordy, Dons ; les journalistes Descadeillas (La dépêche), Pic (Le Télégramme), Bonnafous (L'écho), Barré et Dat de Saint-Foulq (L'éclair), Jammes (Le Midi Socialiste), Artozoul et Pidoux (Le Petit Méridonnal), Toulzet (Le Sud), Barrière (L'Express du Midi), etc.

    La seconde religion de Carcassonne était le rugby avec les anciens de l'A.S.C qui avaient joué à XV : Victor Depaule, Fernand Gayraud, Cadenat, Séguier, Nadal, Vassal, Caruesco, Joseph Raynaud, Cassagneau, Darsans, Bastié, Jean Roux, Casterot, Aguado, Cassignol, Jean Fau, Fraisse. L'ancien international Jean Sébédio, Hæner, Duchamp, Domayron, Tautil, Marre, Alexandre Renaud, François Andrieu, etc. L'A.S.C cycliste n'était pas en reste : René Bernat, Pedron. Les membres du Comité des fêtes comme Bernon, Faustin Farges, Maza, Jean Estrade. Les boxeurs Gaby Nunez et Boyé.

    Pour ce qui concerne les commerces, remontons la rue de la gare en partant depuis la place Carnot sur le côté droit : Cordonnerie Malgrat, bijouterie Marguet, courtier en vins Génie, confection Reynès, pâtisserie Huc Robert, photographe Bernon, maroquinerie Bourdier,

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    Confiserie Larène

    bijouterie Tarisse, bijouterie Vincent Millet, mercerie Bénédetti, Epicerie fine Larène, poissonnerie Henriette Faure, maroquinerie Courtines, droguerie Bugnard,

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    Bijourterie Mary, aujourd'hui Courir

    tabacs Porte, pharmacie Crépinet, bijouterie La Gerbe d'or, teinturerie Sicre, porcelaine Pagès, pâtisserie Tournié, bijouterie La Carillon, articles de chasse Artozoul, pâtisserie Cavaillé-Bièche, quincaillerie Ourliac, pharmacie, Hall de La Dépêche, parfumerie Charles et Lizon, Modes Roussel, Café La Rotonde.

    Redescendons de l'autre côté... Le Continental, bijouterie Jaurès, tabac La Régence, épicerie Depaule,

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    Les chaussures Alary,

    graines Elite et Clause, librairie Cros, coiffure Cazanou, tissus Bouchara, pâtisserie Cathala, opticien Dumont, pâtisserie Célestin Gau, Banque, Le Petit page de Mme Pouilhès, jouets "Au père Noël" de Kromer, graines Cathala,

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    Les Galeries de Paris, aujourd'hui Monoprix

    Les Galeries de Paris, chapellerie Arnal, Electoménager Falcou et Calvayrac, Maison Lalanne, Chaussures Bailly, maroquinerie Salse,

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    Quincaillerie Cuin, aujourd'hui Célio

    chaussures Bellan et à l'angle de la place Carnot le bureau de tabac Jordy.

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    Les chaussures Bellan, aujourd'hui B.N.P

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • L'insurrection carliste de 1832 à Carcassonne sous la Monarchie de juillet.

    Après la prise de pouvoir des Orléanistes et l’avènement de la Monarchie de Juillet en 1830, un personnage politique fait son apparition. Il s’agit d’un banquier, régent de la Banque de France qui devient le 13 mars 1831 le Président des Conseil des Ministres de Louis-Philippe 1er. Périer s’était retrouvé rapidement nanti d’une grande fortune, ayant fondé un banque s’occupant d’armement maritime, du commerce de bois, de manufactures, etc. Il était également actionnaire de la Compagnie des Mines d’Anzin. Il était doué d'un tempérament autoritaire, d'un caractère souvent vif et de manières parfois brutales. « Je me moque bien de mes amis quand j'ai raison, disait-il ; c'est quand j'ai tort qu'il faut qu'ils me soutiennent. » Après avoir été Libéral sous la Restauration, Périer siège au Parti de la Résistance (Centre droit). Sa politique économique est marquée par son soucis de la reprise des affaires et n’hésite pas à réprimer la révolte ouvrière des Canuts à Lyon. C'est ce qu'on devait appeler désormais « le système du 13 mars », fondé sur la marginalisation du roi, la solidarité du cabinet et de la majorité parlementaire et la soumission de l'administration, ce qu’on désigna en deux mots : « une dictature libérale ».

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    Casimir Périer

    (1877-1832)

    Difficile de réconcilier tous les français après la Révolution française et d’assurer une stabilité institutionnelle. La Monarchie de Juillet va être confrontée aux attaques des partisans d’Henri V qui considèrent Louis-Philippe comme un usurpateur et par les Républicains. Ces derniers affichent leur hostilité au pouvoir coiffés de rouge dans les rues de Paris. Ces deux factions n’ont qu’une idée en tête renverser le pouvoir en place. Bien entendu, s’ils ont les mêmes desseins, ils n’ont pas les mêmes idéaux mais l’impopularité de Périer plaide en leur faveur. Son exercice du pouvoir autocratique dans une France miséreuse entraîne Louis-Philippe dans sa tourmente ; une aubaine pour les putschistes….

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    La duchesse de Berry

    Les Carlistes fervents partisans de la branche des Bourbons sont menés par la Duchesse du Berry ; ils rêvent de ravir le trône aux Orléans. La mère du jeune Henri V, Comte de Chambord, fomente depuis son exil un Coup d’état afin d’assurer la régence, en rétablissant la Monarchie absolue. Pour arriver à ses fins, elle tente de raviver les guerres de Vendée et tout ce que la France compte de Légitimistes. A la fin du mois d’avril 1831, elle débarque à Marseille où elle pense trouver des milliers de partisans prêts à la suivre. Le mouvement d’insurrection dans la ville phocéenne est réprimé, le drapeau tricolore est arboré sur le clocher de Saint-Laurent où les insurgés avaient placé le drapeau blanc. Quelques chefs ont été arrêtés. Des recherches sont faites contre ceux qu’on présume avoir été les moteurs secrets.

    A Toulon et à Castelnaudary des mouvements ont été également tentés sans succès par les Carlistes. La troupe de ligne et la Garde nationale de Toulon, de Marseille et de Castelnaudary ont vivement réprimé l’attentat d’une faction impuissante. Les criminels projets de la dynastie déchue avaient pour buts de s’étendre au Midi de la France.

    « On ne doit pas se faire illusion ; dans tout ce qui se passe depuis un mois à Paris comme dans les départements, les vrais coupables, les instigateurs ce sont les carlistes, tantôt agissant à front découvert, et tantôt se cachant sous le bonnet hideux et sanglant de l’anarchique Montagne. Des jeunes gens, entraînés par la fougue de l’âge ; séduits par des passions ardentes mais généreuses, ont pu tomber dans le piège tendu par les Carlistes, et devenir leurs dupes et leurs instruments. »

    La ville de Carcassonne n’échappa pas aux émeutes au début du mois de mai 1832. La foule des conspirateurs massée sur le Jardin royal (actuel square Chénier) s’en prit à la troupe chargée de faire respecter l’ordre. Un jet de pierre atteignit en plein front Pierre Louis d’Arnauld, Commandant le département de l’Aude. Amené dans la chambre qu’il occupait dans la maison Debosque, il sera retrouvé mort le 6 mai 1832 à 8h du matin par le chirurgien-major Antoine Marie Bertrand, médecin au 6e régiment de chasseurs à cheval. D’après une biographie du XIXe siècle, Vicomte d’Arnauld, Maréchal de camp, serait mort d’apoplexie foudroyante. Pierre Louis d’Arnauld qui avait survécu aux batailles de l’Empire décédait ainsi à l’âge de 60 ans.

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    Armes de la famille d'Arnauld

    La Monarchie de Juillet sera renversée en 1848 avec pour conséquences l’abdication de Louis-Philippe. La deuxième République s’installait alors au pouvoir, mais pour combien de temps ? Quant à la duchesse de Berry, son intransigeance ne permettra pas aux Bourbons de revenir au pouvoir après la chute du Second Empire. Elle incita son fils le Comte de Chambord, pressenti pour le trône, a refuser le drapeau tricolore. L'histoire de France tient finalement à peu de choses...

    Sources

    Recherches / Synthèse et rédaction / Martial Andrieu

    ADA 11 / Registre des décès 1832

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Le Carcassonnais Etienne Laborde, officier de l'Empereur Napoléon 1er

    Etienne Laborde naît à Carcassonne le 3 décembre 1782 et est baptisé le lendemain dans la paroisse Saint-Sernin. Son père, Jean Laborde, occupe les fonctions de greffier à l’Hôtel de ville et sa mère, Jeanne Marie Menot, ne travaille pas. 

    Le 3 octobre 1793, le très jeune Laborde rejoint le 2e régiment de ligne dans lequel il occupe successivement les fonctions de caporal, fourrier, sergent et sergent-major. Le 7 juin 1809, il est en Espagne lorsqu’il reçoit son brevet de sous-lieutenant. Le 14 octobre 1811, le lieutenant Laborde suit son régiment en Allemagne, fait la campagne de Russie et passe Capitaine le 8 avril 1813 au moment d’entrer en Saxe.

    « M. Laborde s’est constamment distingué par son zèle pour le service, sa bonne conduite et sa bravoure, notamment au combat de Soltonanska en Russie le 23 juillet 1812, où cet officier, alors lieutenant de grenadiers au 85e de ligne, a sauvé la vie au grenadier Dranet, qui était de la même compagnie, tué de sa main un soldat russe, et blessé grièvement deux autres au moment où ces trois soldats russes allaient massacrer le grenadier Dranet, qui était tombé en leur pouvoir : c’est en récompense de cette action qu’il a été décoré de la Croix de la Légion d’honneur ! »

    Pendant le combat, il avait été blessé d’un coup de feu à la joue. Le 17 novembre suivant à Viasma, c’est au genou qu’il fut frappé. Parmi les actions courageuses de notre Carcasosnnais, ajoutons la note suivante : « Le 12 janvier 1814, M. Laborde reçut l’ordre de M. le général de Cambronne de partir à onze heures du soir de Langres (Haute-Marne) avec 150 hommes pour se réunir à un détachement de 600 hommes, commandé par le lieutenant-colonel Albert, du deuxième régiment de grenadiers, à l’effet d’aller attaquer 1200 Autrichiens qui s’étaient établis dans un village à une lieue et demie de Langres. M. Laborde, qui était placé avec 150 hommes à la sortie du village par où l’ennemi a cherché à se sauver, lui a fait beaucoup de mal, en a blessé plusieurs de sa main et a fait un grand nombre de prisonniers : c’est en récompense de cette action qu’il a été fait officier de la Légion d’honneur. » Ceci lui valut d’être élevé au grade d’Officier de la Légion d’honneur le 21 février 1814.

    Lorsque l’Empereur est exilé à l’île d’Elbe, ce dernier le choisit pour l’accompagner au sein du Bataillon-Napoléon avec grade de Capitaine adjudant-major, le 13 avril. Cette présentation avait été faite sur proposition du général Cambronne. Etienne Laborde eut l’occasion de rencontrer un autre Carcassonnais célèbre, le Baron Peyrusse, payeur de la couronne. Ce dernier se tenait à Orléans lorsque Laborde, gardien du trésor de l’Empereur garni de quarante-deux millions, s’y rendit afin de déposer le dernier fourgon contenant huit millions. Notons que les hommes qui accompagnaient l’Empereur portaient tous la cocarde tricolore jusqu’à l’embarquement. Cet embarquement d’évasion pour lequel il fut le premier averti le 26 février 1815. Le 1er mars pour Cent Jours, Napoléon remettait le pied en France et reprenait son pouvoir. La fidélité de Laborde sera récompensée par le grade de Chef de bataillon des chasseurs à pied de la Garde impériale.

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    La bataille de Waterloo

    Lors de la bataille de Waterloo, il se tient aux côtés du maréchal Ney. Sous la Seconde Restauration, il est rétrogradé au rang de capitaine et passe dans la Légion de l’Aude. Il reçoit la Croix de Saint-Louis le 25 mai 1825. Après 1830, on lui octroi les fonctions de Commandant de la place de Cambrai. Dix ans plus tard, alors que l’ancien officier profite de sa modeste retraite à Paris, il se rend à Londres et rencontre le prince Louis-Napoléon pour lequel il n’est pas inconnu. Avec dix-sept autres conjurés, il prépare une action à Boulogne-sur-mer contre le pouvoir de Louis-Philippe 1er, Roi des Français.

    Dans la nuit du 5 au 6 août 1840, Louis-Napoléon Bonaparte débarque avec une cinquantaine de conjurés près de Boulogne-sur-Mer. Prendre la ville, la sous-préfecture et la mairie nécessiterait trop d’effectifs. Les conjurés décident de se rendre à la caserne du 40ème régiment d’infanterie pour que celui-ci apporte les renforts nécessaires. La tentative est un échec. Contraint de fuir, Louis-Napoléon et quelques complices montent dans un canot pour rejoindre leur bateau. Des coups de feu éclatent, le prince est blessé, le canot chavire et les fugitifs sont recueillis. Arrêtés, ils sont traduits devant la justice royale.

    Le procureur général du Roi près de la Cour des Pairs, Franck Carré, les rend coupables « le 6 août 1840 d’un attentat dont le but était de détruire, soit de changer le gouvernement, soit d’exciter les citoyens ou habitants à s’armer contre l’autorité royale, soit d’exciter la guerre civile, en armant ou en portant les citoyens ou habitants à s’armer les uns contre les autres. » Etienne Laborde fera deux ans de prison à Chaillot dans la maison du docteur Pinel.

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    Signature d'Etienne Laborde

    Après la Révolution de 1848, Louis-Napoléon se présente à l’élection présidentielle - la première au suffrage universel. Il est élu et laisse son siège de député de la Charente-Inférieure à Etienne Laborde qui siègera à l’Assemblée du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851. Ce bonapartiste se retrouve à droite dans l’hémicycle. Après le Coup d’état du Prince Président devenu Napoléon III, Il est nommé comme Gouverneur du Palais du Luxembourg où siège actuellement le Sénat.

    Etienne Laborde meurt à Paris (VIe arrondissement) le 31 juillet 1865 à 82 ans ; un très bel âge pour l’époque. Son unique fille Gabrielle mourra 18 ans avant lui à l’âge de 29 ans à Carcassonne chez le sieur Borrel, 6 rue Pinel alors qu’elle visitait cet apprêteur de draps.

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    Ouvrage d'Etienne Laborde / 1840

    Sources

    Recherches / Synthèse et rédaction / Martial Andrieu

    Le plutarque de 1847 / Biographie des hommes du jour

    ADA 11 / Etat-Civil

    Cour des Pairs / Procès-Verbal / 1841

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