Dans les années 1930, la rue de la Gare - qu'aucun Carcassonnais digne de ce nom n'appelle Georges Clémenceau -connaissait une grande activité. Tous les commerces y étaient représentés. Les boutiques rivalisaient de talent pour afficher leurs plus belles vitrines et la nuit, tout brillait de mille feux. Certaines d'entre elles étaient encore éclairées avec des ampoules en filament de carbone. Les plus modernes s'équipaient de la grande nouveauté de l'époque : le néon. Un progrès qui faisait rouspéter les inconditionnels de la T.S.F, accusé de brouiller la réception. Le cinéma Le Rex dont la belle enseigne en néon clignotait toute la nuit, fut l'objet d'une plainte de la part des riverains. En ce temps là, la rue de la Gare n'était pas piétonne, mais le peu de véhicules en circulation ne posait pas les problèmes d'aujourd'hui.
Dès la nuit tombée, après la sortie des bureaux, des usines, des commerces locaux, tout le monde se retrouvait rue de la Gare. Jeunes, moins jeunes, notables, personnalités... De six à sept, ce cortège arpentait les Champs Elysées Carcassonnais à partir du café La Rotonde jusqu'à la mairie. Le sens unique était respecté ; les promeneurs venant de la Rotonde étaient à droite ; au retour, ils viraient à gauche. Et pendant plus d'une bonne heure, les promeneurs "faisaient la rue de la Gare". Cela à pas lents et mesurés, en grillant moules cigarettes. Les jeunes se retrouvaient en parlant du prochain bal ou de la prochaine fête de quartier - la ville en compatit une dizaine. Les autres évoquaient leurs problèmes quotidiens. Les notables parlaient politique, faisait en refaisant les gouvernements, critiquant ou approuvant la gestion municipale. Parmi ces notables assidus de l'artère principale de la ville, citons les avocats Georges Soum, Bousgarbiès, Colondre, Sigé, Morelli, Bourdel ; les docteurs Philippe Soum, Papou, Mourgues, Albert Tomey, Pinel, Lapeyre ; les adjoints au maire, Manas, Jordy, Dons ; les journalistes Descadeillas (La dépêche), Pic (Le Télégramme), Bonnafous (L'écho), Barré et Dat de Saint-Foulq (L'éclair), Jammes (Le Midi Socialiste), Artozoul et Pidoux (Le Petit Méridonnal), Toulzet (Le Sud), Barrière (L'Express du Midi), etc.
La seconde religion de Carcassonne était le rugby avec les anciens de l'A.S.C qui avaient joué à XV : Victor Depaule, Fernand Gayraud, Cadenat, Séguier, Nadal, Vassal, Caruesco, Joseph Raynaud, Cassagneau, Darsans, Bastié, Jean Roux, Casterot, Aguado, Cassignol, Jean Fau, Fraisse. L'ancien international Jean Sébédio, Hæner, Duchamp, Domayron, Tautil, Marre, Alexandre Renaud, François Andrieu, etc. L'A.S.C cycliste n'était pas en reste : René Bernat, Pedron. Les membres du Comité des fêtes comme Bernon, Faustin Farges, Maza, Jean Estrade. Les boxeurs Gaby Nunez et Boyé.
Pour ce qui concerne les commerces, remontons la rue de la gare en partant depuis la place Carnot sur le côté droit : Cordonnerie Malgrat, bijouterie Marguet, courtier en vins Génie, confection Reynès, pâtisserie Huc Robert, photographe Bernon, maroquinerie Bourdier,
Confiserie Larène
bijouterie Tarisse, bijouterie Vincent Millet, mercerie Bénédetti, Epicerie fine Larène, poissonnerie Henriette Faure, maroquinerie Courtines, droguerie Bugnard,
Bijourterie Mary, aujourd'hui Courir
tabacs Porte, pharmacie Crépinet, bijouterie La Gerbe d'or, teinturerie Sicre, porcelaine Pagès, pâtisserie Tournié, bijouterie La Carillon, articles de chasse Artozoul, pâtisserie Cavaillé-Bièche, quincaillerie Ourliac, pharmacie, Hall de La Dépêche, parfumerie Charles et Lizon, Modes Roussel, Café La Rotonde.
Redescendons de l'autre côté... Le Continental, bijouterie Jaurès, tabac La Régence, épicerie Depaule,
Les chaussures Alary,
graines Elite et Clause, librairie Cros, coiffure Cazanou, tissus Bouchara, pâtisserie Cathala, opticien Dumont, pâtisserie Célestin Gau, Banque, Le Petit page de Mme Pouilhès, jouets "Au père Noël" de Kromer, graines Cathala,
Les Galeries de Paris, aujourd'hui Monoprix
Les Galeries de Paris, chapellerie Arnal, Electoménager Falcou et Calvayrac, Maison Lalanne, Chaussures Bailly, maroquinerie Salse,
Quincaillerie Cuin, aujourd'hui Célio
chaussures Bellan et à l'angle de la place Carnot le bureau de tabac Jordy.
Les chaussures Bellan, aujourd'hui B.N.P
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Commentaires
Merci,pour votre évocation...
Ayant habité place Carnot j'ai pu vivre (un peu plus tard) la belle époque des "" faire la rue de la gare"".me rendant assez régulièrement à Carcassonne, c'est le coeur serré que je ne retrouve rien de tous ces souvenirs. La rue de la gare me parait bien triste...mais c'est peut être ma jeunesse que je n'y retrouve pas ????
merci encore pour tous vos articles
Et vous oubliez le mercredi après-midi, où tous les lycéens se retrouvaient à arpenter la rue de la Gare !!
Combien d'aller-retour ai-je fait !!!!
Merci pour ces souvenirs et meilleurs voeux à vous !!!
Un parcours plein de souvenirs parfois jubilatoires, parfois nostalgiques. Dans les années 50 tout cela n'avait pas totalement disparu. Merci.
A l'époque de mon enfance (les années 1950) c'était encore une rue très vivante ; je me souviens des nombreux magasins ; du monde se promenant... Aujourd'hui ? Sinistre.
Evocation réussie qui véhicule un brin de nostalgie. Merci, Martial. Je crois toutefois que la date 1930 ne convient pas. Cela se situe après la guerre.On voit notamment le siège du PCF qui se situe au 1 de la rue Tranquille : slogan " Les lendemains qui chantent ".
vers 1930, les grainetiers rue de la gare, près du père Noël étaient Marie née Garric et auguste Teysseyre; ils étaient l'oncle et la tante de René et Suzane Garric;
Merci Martial et bonne année
Que de souvenirs avec cet article sur la rue de la Gare et sur un passé auquel nous sommes nombreux attachés.
Nous restons au plaisir de vous lire.
Amicalement à vous,
Pierre-Baptiste
Erreur je pense cette rue la promenade ""les barques rue j jaures "" a Narbonne Aude
Merci pour cet excellent article. Vers 1960-1965, il existait encore quelques une de ces boutiques.. Je pense en particulier au magasin de jouets "Le père Noël" où je faisais provision de petites voitures "Dinky Toys" et " Norev". Les après-midi du jeudi et du samedi fournissaient l’occasion de draguer pour les lycéens que nous étions. A présent, seule la portion de rue entre la place Carnot et l'ancienne Rotonde est encore un peu fréquentée. Pour l'autre portion, entre la place Carnot et le portail des jacobins c'est malheureusement presque le désert. Conséquence de parkings payants trop onéreux? Du développement des zones commerciales périphériques? Le risque? Que cette rue termine comme la Grande Rue de Quillan! C'est à dire, vide, sinistrée avec un habitat en voie de paupérisation.
En 1965 , je travaillais au 45, rue de Verdun chez Pueyo, en fin d'après midi le plaisir des Carcassonnais était de se retrouver rue de la gare, avec un arrêt prolongé place Carnot pour discuter et dire bonjour aux uns et aux autres, c'était un lieu de rencontres, on parlait du samedi à venir et du rdv pour le prochain bal, nous n'avions ni portable ni réseaux sociaux, mais quel bonheur cette époque, pour les anciens voir cette rue aujourd'hui c'est d'une tristesse !!
Avec mon copain QUIQUI nous arpentions très souvent cette rue ,lieu de rendez vous de la jeunesse dans les années 1960 .Mon collégue m'avait initié a un jeu amusant. Nous demandions à nos nombreuses connaissances s'ils n'avaient pas 20 centimes,petite monnaie nécessaire pour compléter le prix d"achat d'un disque chez Boyer ou Daraud .Le don était bien supérieur. Un aller retour suffisait pour aller boire un tango à La rotonde
Que d’aller et retour dans cette rue de la gare, que de bons souvenirs.
Hélas les temps ont bien changé et la rue de la gare a perdu tout son charme, les beaux magasins ont disparu comme dans beaucoup de villes d’ailleurs.
Merci pour cette évocation.
Bonjour
Je recherche personnes nommées Tabanou Pierre et Andry Marie Claire qui en 1935 habitaient 32 rue de la Gare
Merci