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Charles Maurras, l'antisémite, le 26 avril 1942 à Carcassonne.

En farfouillant dans les archives d'une histoire qu'on a voulu dissimuler, à défaut d'avoir pu la faire disparaître, on se rend compte qu'à Carcassonne il n'y avait pas que des résistants. A l'invitation du président de la Fédération départementale de l'Action Française, le comte Christian de Lorgeril, une conférence fut donnée le 26 avril 1942 par Charles Maurras au Théâtre municipal. L'Action Française, fondée en pleine affaire Dreyfus afin de jeter au pilori l'innocence d'un capitaine injustement accusé de trahison en raison de son judaïsme, trouva en Maurras l'éloquence d'un porte-voix. Philosophant sur le nationalisme intégral en prônant l'exclusion des juifs, dont Léon Blum auquel il voue une haine féroce, l'académicien avait trouvé son public au sein de l'extrême droite française et de ses soutiens monarchistes.

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Juste avant la guerre, l'Action Française se porte bien dans l'Aude. Elle compte des correspondant à : Carcassonne, Aigres-vives, Azille, Barbaira, Boutenac, Bram, Canet d'Aude, Castelnaudary, Castelnau d'Aude, Coursan, Conques-sur-Orbiel, Cuxac d'Aude, Espéraza, Ferrals-des-Corbières, Ginestas, Lacassaigne, Laurabuc, Laure, Lézignan, Limoux, Saint-Hilaire, Montréal d'Aude, Narbonne, Névian, Pennautier, Pexiora, Rieux-Minervois, Saint-André-de-Roquelongue, Saint-Nazaire, Saint-Papoul, Sallèles d'Aude, Tourouzelle, Trèbes et Villedaigne.

La très grande partie de ces responsables locaux sont de grands propriétaires viticoles. Nous retrouverons leurs noms associés au Service d'Ordre Légionnaire, puis à la Milice de l'Aude à partir de février 1943. Ils soutiennent le régime de Vichy et la collaboration avec le Reich, vers lequel ils exportent le vin. Autant dire que si la réunion du 26 avril porte essentiellement sur le Félibrige - Maurras admire Frédéric Mistral - elle ne peut-être que politique. A ce sujet, laissons la parole au chroniqueur de l'Action Française qui en donne un compte rendu.

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"Poursuivant sa tournée de conférences, Charles Maurras parlait mercredi soir au Théâtre municipal de Carcassonne. Présenté en langue d'Oc par l'abbé Salvat, félibre majoral, qui lui dit toute l'émotion qu'il ressentait à l'accueillir dans la ville où lui même avait fait ses études secondaires, notre directeur exposa longuement, devant un auditoire nombreux et attentif, l'oeuvre de Mistral, sous les trois aspects du nouvel Etat français : Travail, Famille, Patrie.

De longs et vigoureux applaudissements saluèrent le conférencier et, avant de se séparer, l'assistance écouta debout "La Marseillaise". M. Cabouat, préfet de l'Aude, qui n'avait pu assister à cette manifestation d'une haute tenue littéraire, s'était fait représenter par M. Rousseau, chef de cabinet.

Nous avions également remarqué parmi les personnalités présentes MM. Jourdanne, maire de Carcassonne ; Clément, Inspecteur d'Académie ; le colonel Imbart, représentant le général Guizard, président du Secours National ; Gélis, président de la Légion française des combattants, et le chanoine Sabarthe, vice-président ; le commandant Mercury, retenu par son service, s'était fait représenter ; le chanoine Cannac, supérieur du Petit Séminaire ; le pasteur Sellier ; Pierre Embry, bibliothécaire de la ville ; le vice-président de la Chambre de commerce, etc.

Notons enfin la présence du comte Christian de Lorgeril, président des Amis de l'Action Française, qui avaient organisé cette manifestation au profit de la Légion Française des Combattants et du Colis du Prisonnier, ainsi que celle de M. Level, représentant de Monseigneur le Comte de Paris.

A la sortie de la conférence, les Amis de la l'Action Française se réunirent dans une salle de l'hôtel Terminus et le comte de Lorgeril présenta à Maurras les nombreux groupements venus à bicyclette des communes avoisinantes, notamment le vaillant groupe de Laure-Minervois."

Charles Maurras est condamné le 27 janvier 1945 par la cour de justice de Lyon pour Haute trahison et intelligence avec l'ennemi. Il est déchu de son siège à l'Académie française.

Sources

Journal de L'Action française / 16 mai 1942

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