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Clément Cartier, une grande figure du barreau de Carcassonne

Clément Cartier fut longtemps tenaillé entre le choix d'une carrière journalistique et de juriste. Ce fils d'instituteur - né en 1926 à Saint-Ferriol dans la Haute-vallée de l'Aude - après des études de droit et de lettres s'inscrit finalement au barreau de Carcassonne en 1947. Il effectuera ses premières armes au sein des cabinets de Maîtres Frontil et Llobet, avant d'être lancé au coeur du prétoire de la cour d'assise de Carcassonne.

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© P. Cartier

Clément Cartier et Jean Cau

Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, Clément Cartier et son ami Jean Cau - secrétaire de Jean-Paul Sartre - fréquentent la chambre de Joë Bousquet et les nuits du Congo. Il s'agit d'un petit Saint-Germain-des-près situé dans la rue de l'Aigle d'or d'où s'extirpe la musique de jazz, jusque-là interdite pendant l'occupation. On y croise Mac Kac et tant d'autres musiciens locaux : Jean Pidoux, Claude Alay, Jean Osmont, André Delmas, etc. Dans ce creuset des zazous Carcassonnais, il fera la connaissance de Charlotte Xiffre qui deviendra son épouse ; elle lui donnera deux beaux enfants : Clémentine et Patrice. Ce dernier est un photographe bien connu à Carcassonne.

L'avocat

En 1947, le jeune avocat est commis d'office dans une affaire criminelle. Le prévenu Raoul d'Yons est jugé les 9 et 10 mai, pour l'assassinat de quatre membres de la famille Gouze à Caunes-Minervois (Le père, la mère, la fils de 6 ans et la fille de 11 ans). Malgré les efforts déployés par la défense, le jeune réfugié belge de 21 ans sera condamné à la peine capitale. Le 21 janvier 1948 à 7h45, il est guillotiné dans la cour de la maison d'arrêt de Béziers en présence de ses avocats. Clément Cartier assista à la dernière exécution capitale du département de l'Aude ; ce qui ne fera que renforcer son opposition à cet article du code pénal.

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Autre affaire qui marqua la carrière de Clément Cartier... Celle de l'assassinat de Simone Colturani, le 28 avril 1973 à Carcassonne. Les parents s'étant porté partie civile au procès, il ont choisi Me Cartier pour les défendre contre l'assassin supposé - un dénommé André Brunel. L'accusation mettra en évidence la responsabilité de ce récidiviste qui échappera de justesse à la peine capitale. Les jurés ne retiendront pas la préméditation qui semblait évidente. La condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité provoquera un tollé dans tout Carcassonne. 

"J'étais contre la peine de mort et à mon coeur défendant j'étais dirigé vers cette sanction là ; je me retrouvais associé aux réquisitions."

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Brunel à la sortie de l'audience

D'après nos informations, Brunel serait sorti depuis peu de prison... 

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Clément Cartier fêta son jubilé en 1997 en qualité d'ancien Bâtonnier de l'Ordre des avocats, après 50 années passées au sein du barreau de Carcassonne. Ses collègues et amis lui offrirent une série de cartes postales anciennes, une lithographie de Camberoque et un livre sur Carcassonne.

Le Ciné-Club

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A l'âge de 12 ans, le jeune Cartier se prend de passion pour le cinéma grâce au film "L'incendie de Chicago". Dix ans plus tard, il fonde le Ciné-Club avec quelques amis parmi lesquels Ramon Marti, Paul Charles et Pierre Soukès ; à un moment où l'engouement pour le cinéma déclinait. 

"À cette époque, la population Carcassonnaise était essentiellement bourgeoise ; dès qu'un film était critique sur le plan politique ou social, c'était un tollé général dans la salle. Certains spectateurs allaient même jusqu'à crier à l'anarchie."

La joyeuse équipe tournera plusieurs films amateurs en 16 mm, réalisés par Georges Savi - un as de la bobine... On peut citer "Chasse interdite", "les feuilles mortes" ou "Opus 22". L'un centre-eux intitulé "Le voleur chausse du 22" sera même primé au Festival du cinéma amateur" de Cannes en 1952.

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© ADA 11

L'équipe du Ciné-club Carcassonnais

Clément Cartier anime avec ferveur et grand talent les conférences du Ciné-Club. À partir de 1966, l'association créée les Rencontres cinématographiques de Carcassonne. Elles se tennaient chaque année au cinéma "Le Boléro", situé sur le boulevard Jean Jaurès. L'orientation culturelle tendait vers le fantastique, le poétique et l'irréel.

"Le cinéma menteur, truqueur et illusionniste apporte le matériel le mieux adapté à l'exploration du merveilleux."

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Clément Cartier et Jean-Louis Berman en 1978

L'homme de convictions

En 1989, l'avocat figure sur la liste d'union de la gauche des municipales aux côtés de Roger Bertrand. Cette équipe menée par un novice de la politique et envoyée par le PS local pour se casser les dents sur le maire sortant Raymond Chésa, sera battue au 1er tour avec seulement 37,7% des voix. Cartier qui était en position éligible démissionna aussitôt après avec cette formule :

"Construire d'accord mais s'opposer, non !"

Voilà peut-être résumée en une phrase la personnalité d'un homme qui toute sa vie, se sera battu pour faire respecter le droit de tout individu à être défendu. C'est sûrement ce qu'il voudrait aujourd'hui que l'on retienne de lui, douze ans après sa disparition...

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Commentaires

  • La photo de Brunel , dans les escaliers du Palais de Justice , est de RENE ROQUES .
    Il ne disposait que de quelques secondes , car il se sont mis d'accord avec Jacques , qui par derrière lui arrache le vêtement qui recouvre le visage .
    Pour le reste !!!!! La JUSTICE !!!!! Est passée !!!!!

  • J'aime beaucoup la photo avec Jean Cau qui, sur ce cliché, a un air de Pier Paolo Pasolini.
    A une cousine de mon père, professeur (re) à Bram, à présent décédée, qui posait au jeune Cau une question sur son devenir : "Homme de lettres !", lâcha-t-il d'un ton décidé.

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