Le musée lapidaire de la cité de Carcassonne possède "La vierge à l'oiseau" dite "Vierge au sourire". Il s'agit d'une statue en marbre blanc du XIVe siècle provenant du couvent des soeurs de Saint-Vincent de Paul qui se trouvait dans la cité médiévale. Pour être plus précis, c'est l'actuel Hôtel du Donjon. Cet objet d'art issu de notre patrimoine, aurait pu s'envoler sous d'autres cieux si lors d'une vente aux enchères publique d'un collectionneur, Pierre Embry* n'avait alerté le Préfet de l'Aude. Le jour de la vente, la statue fut acquise dans un premier temps par un antiquaire parisien mais Pierre Embry, fut autorisé au nom de l'état d'exercer son droit de préemption. Ainsi, la vierge revint-elle à Carcassonne, dans le musée du château comtal où elle demeure à présent. Cette statue en marbre blanc de 92cm de haut, représente la vierge portant l'enfant Jesus sur le bras gauche ; celui-ci tient à la main par l'aile un oiseau. De sa main droite, la vierge relève le pan de son manteau. elle regarde l'enfant d'un sourire attendri où perce toute sa sollicitude maternelle. La vierge est couronnée. Les plis du manteau et de la robe sont larges et élégants, la tête est d'une grande finesse et l'expression de la physionomie est des plus gracieuses. La couronne de la vierge a été restaurée et la tête de l'enfant, n'est pas celle d'origine.
Historique
par
Henri Sivade
(1865 - 1945)
Cette belle statue, nous l'avons vue, il y a 50 ans, chez les frères des écoles chrétiennes de la cité, établis dans l'ancien monastère des religieuses de Rieunette, où elle est restée jusque vers 1891, c'est à dire jusqu'au jour où la suppression des frères comme religieux enseignants arriva. En effet, ces derniers appelés par l'évêque de Bezons (1733) furent d'abord installés dans une des dépendances de l'Evêché où il habitait encore lui-même, celui qu'il fit bâtir plus tard à la ville basse (Préfecture), n'étant pas encore construit. Après le départ des religieuses de Rieunette, les locaux qu'elles avaient abandonnées furent acquis par le chanoine Rey, de la cité qui les passa ensuite par vente au sieur Tallavignes, dit le gouverneur de Caunes. Durant la révolution, la municipalité de la cité fut quelque temps installée dans ce local. En 1803, M. Buffet-Delmas, chanoine y fonda le petit séminaire du Diocèse. En 1820, les bâtiments, ou plutôt une de leurs parties furent acquis par la ville, des héritiers de Tallavignes. C'est sur cette partie que la ville Bâtit, à destination de l'école des garçons, les locaux qui regardent le Septentrion. Plus tard, M. Etienne Crouzet, chanoine honoraire, étant devenu curé de Saint-Nazaire en 1821, fit l'acquisition de l'autre partie des locaux de l'anciennes abbaye de Rieunette pour y loger l'école des frères. Ces derniers furent appelés à la cité en 1823 ou 1824. L'acquisition de M. Crouzet portait notamment sur l'emplacement occupé jadis par l'église de l'abbaye et qui est la cour de l'école communale de garçons longeant la rue du Plô. Au fond de cette cour, sans doute à l'endroit où se trouvait le sanctuaire, existait une niche. C'était là qu'était apparemment la vierge, patronne du monastère. Plus tard, probablement lors de l'acquisition faite par les Tallavignes, cette statue fut placée dans une niche-placard pour la soustraire sans doute aux profanations de l'époque révolutionnaire et aux mutilations qu'elle aurait subie dans la cour. Cette niche-placard était située dans ce qui devint plus tard la grande classe et où, aux fêtes principales de la vierge, toutes les classes étaient réunies pour des exercices religieux en commun. Cela se passait encore ainsi en 1880.
Source:
Le syndicat d'initiative de Carcassonne / A. Raucoules
_______________________
© Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015