A 9 heures du matin ce 11 septembre 1973, le général Augusto Pinochet assiégeait avec l'armée le Palais présidentiel à Santiago du Chili. Un gouvernement militaire prenait le pouvoir par un coup d'état dans ce pays d'Amérique latine avec le soutien des services secrets américains. Le président socialiste Salvador Allende démocratiquement élu s'étant retranché dans ses bureaux, annonçait à son peuple qu'il allait se battre jusqu'à la mort. On retrouvera son cadavre avec une plaie au menton provoquée par un tir de AK-47. D'après les dernières enquête les président déchu se serait suicidé, mais à l'époque on parle de son assassinat par les sbires de Pinochet.
Salvador Allende
(1908 - 1973)
On sait parfaitement ce qu'il est advenu du Chili pendant la dictature de Pinochet : tortures, exécutions sommaires, disparitions, etc... Le cocktail répressif de tout régime totalitaire, en somme. Nous rangerons également dans ce registre les dictatures communistes, comme celles de Fidel Castro à Cuba. A ceci près que les Etats-Unis ne soutiennent que les dictatures qui leur sont favorables ou pire encore, protègent les criminels de guerre comme Klaus Barbie quand ils acceptent de travailler pour la C.I.A.
Pablo Néruda
(1904 - 1973)
Autre victime du coup d'état de Pinochet, le poète chilien et Prix Nobel de littérature, Pablo Néruda. Douze jours après, il meurt officiellement d'un cancer de la prostate. Or, selon son chauffeur il aurait été empoisonné par injection létale. L'hypothèse de cette thèse a été confirmé par la justice chilienne en 2015. L'ancien ambassadeur du Chili en France récompensé pour ses actions en faveur de la paix, mourra donc dans des circonstances obscures après que sa maison a été saccagée par la junte militaire.
Je veux vivre dans un pays où il n'y ait pas d'excommuniés.
Je veux vivre dans un monde où les êtres soient seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette.
Je veux qu'on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries.
Je veux qu'on n'attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser.
Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie.
Je ne veux plus que quiconque fuie en gondole, que quiconque soit poursuivi par des motos.
Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir.
En 1945, à Carcassonne Mercedes Nunez Targa - secrétaire de Pablo Neruda - témoignera au procès de René Bach, tortionnaire de la Gestapo de Carcassonne. C'est lui qui l'envoya en déportation après l'avoir interrogée dans la villa de la Gestapo, 67 route de Toulouse - rasée par décision municipale en février 2016.
© Chroniques de Carcassonne
Antoine Gayraud
(1910 - 1981)
Par décision du Conseil municipal en date du 11 octobre 1973, la ville de Carcassonne condamne le coup d'état de Pinochet contre le régime démocratique de président Allende et son assassinat. Le communiqué suivant est lu en séance du Conseil municipal.
Soucieux de Liberté, de Démocratie, le Conseil municipal de Carcassonne réuni le 11 octobre 1973, rappelle que la liberté dans le monde est indivisible.
Pour ces raisons un homme est mort.
Ses assassins croient avoir tué avec lui l'idéal qu'il représentait et l'expérience qu'il tentait dans le cadre de l'Unité Populaire.
C'est parce qu'il était profondément et sincèrement démocrate, qu'il voulait projeter sur la vie de son pays son idéal socialiste que Salvador Allende a été abattu.
A travers lui, on a voulu atteindre sa patrie, son peuple, mais aussi tous ceux qui dans le monde entier sont solidaires de cet idéal.
Condamnant le coup d'état et le régime qui en est issu, le Conseil municipal demande l'arrêt des exécutions et la libération des prisonniers.
Il dénonce les silences coupables du gouvernement Français, la répression aveugle et brutale qui frappe le Chili.
En hommage à la mémoire de Salvador Allende et du poète Pablo Néruda, le Conseil municipal de Carcassonne réuni le 11 octobre 1973, décide de donner leurs noms à deux rues de la ville.
Il appelle la population à manifester son soutien actif en participant à la collecte organisée en faveur du peuple Chilien.
Source
Délibération CM / 11 octobre 1973
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Commentaires
une bien belle histoire mais celle lè je la connaissais
elle m'a marquee ...
un très bel hommage à cette noble décision du Maire Antoine Gayraud , en espérant que le nouvel hôpital portera son nom
Il me semble que lors d'un Festival (qui méritait encore son nom !) de la Cité, la veuve de Neruda était venue lors de la représentation d'une de ses œuvres (Splendeur et mort de Joaquin Murieta ???). Merci de le rappeler à nos mémoires.
Oui Mirelha, la veuve de Pablo Neruda, est venue assister à une représentation, invitée, par Jacques ECHANTILLON, alors Directeur du Festival de la Cité et du Centre Dramatique National Languedoc Roussillon, ayant succédé à Jean DESCHAMPS.
"Splendeur et mort de Joaquin Murieta" est une création et mise en scène de Jacques ECHANTILLON, pièce de théâtre présentée aussi en tournée, par le Centre Dramatique, dans plusieurs villes de France, remportant un "vif" succès.
Souvenirs....Souvenirs....
Pierre-Baptiste
Merci de confirmer mes souvenirs !
A l'époque j'étais sur Paris et j'ai manifesté. Il y a une magnifique chanson de Jean Ferra à la mémoire de Pablo Néruda