Le Hot-Club de jazz de Carcassonne est né grâce à l'intervention en 1940 de Jean Osmont auprès de Hugues Panassié, le Président fondateur du Hot-Club de France. En 1943, un premier orchestre se constitua au sein du club de la ville et fit ses gammes, clandestinement.
Le quintette du Hot club de Carcassonne en 1943 est constitué par Dominique Orlanducci (guitare), René Miquel (clarinette), Pierre Palau (Batterie), Big Boyer (Contrebasse) et Jean Osmont (trompette). D'autres, comme Jean Pidoux ou Cazaux, vinrent rejoindre ce quitte historique jouant à la barbe de l'occupant. Cette formation fut plusieurs fois primée au consours Pleyel, grâce au concours de Pierre Louise (Père du célèbre organiste Eddy Louiss). Eh! oui, Les Louise étaient réfugiés pendant la guerre à Carcassonne, comme bon nombre d'artistes et d'intellectuels. Voilà ce qui explique bien des choses... Le Hot club était hébergé par M. Miailhe, patron du Café des colonies, qui prenait des risques. L'occupant n'appréciant guère cette musique de "Nègres", il fallut prendre des précautions.
L'accès à la cave clandestine du Café des colonies en 1943
A la libération, tout alla nettement mieux et le Hot-Club sortit de la clandestinité. Le 8 janvier 1946, les activités de l'association nommée Hot-Club de Carcassonne devinrent officielles et le siège s'établit au premier étage du café des Colonies. Pendant une dizaine d'années, pas une cave ou un cabinet n'échappa aux concerts, jam-sessions ou conférences sur le jazz. En 1948, il défile même lors d'une parade sur les boulevards avec Jean Pidoux, André Malacan, Claude Alay...
Présentation du magazine Swing Time à l'Hôtel Terminus
Les nouveaux membres du Hot-Club répètent leurs standards dans la maison du Dr Buscail, route Minervoise. C'est aujourd'hui la demeure de Pascal Dupont, directeur du Festival de Carcassonne. On peut citer : Claude Alay, Orlanducci, Loulou Boyer, Jubillard, Buisan, Grente, Canavy... Ces jeunes pousses sans formation musicale reçurent l'aide précieuse de Jean Ormont, leur aîné. Dès lors, pendant plus de dix ans, la ville devint un pôle majeur dans l'univers du swing. Les cabarets ouvrirent leurs portes aussi bien aux jeunes jazzmen locaux qu'aux pointures venues d'ailleurs comme Rex Stewart, Marcel Zanini, Ted Ameline, Jacques Hélian...
Le Congo
En 1945, le café Lagarde dans la rue de l'Aigle d'or est acheté par MM. Rigail et Bouysset. Ils le baptisent du nom de la colonie dans laquelle ils ont fait fortune. Le Congo se décore dans le style de la Revue Nègre des Années folles et compte 130 places.
Les membres du Hot-Club avec Jenny Alpha en 1948
Baptiste Reilles alias Mac-Kac s'occupe de l'animation musicale ; excellent batteur, pionnier du rock-and-roll en France, il attira de grandes vedettes en ce lieu.
© Jazz classique / Avril 2006
Mac Kac devant le Congo en 1945
Le petit Saint-Germain Carcassonnais reçoit Bill Coleman, Guy Lafitte, Mezz Mezzrow, Michel Warlop... Les musiciens du Hot-Club Carcassonnais y tenaient leurs jam-sessions tous les mercredis ; on y dansait jusqu'à une heure du matin.
Sur cette photo au Congo de Carcassonne en 1949, de gauche à droite: James Moody, Georges Arvanitas, Albert Maïoli, Jean Osmont, patron du Congo, Raymond Buisan et Marcel Zanini.
Au début des années 1950, Jean Osmont devint président d'honneur et laissa les rênes de l'exécutif à Fernand Grente, André Malacan, Claude Alay et Raymond Buisan. ce nouveau bureau oeuvra pour une meilleure connaissance du jazz et fut à l'origine de la création des Hot-Clubs de Castelnaudary, Lézignan-Corbières et Limoux.
Une soirée au Congo avec Jean Pidoux (clarinette) et André Malacan (trompette)
Au début de 1952, les musiciens du Hot-Club disposaient d'une cave tous les mardis au café des Américains jusqu'à une heure du matin. L'association comptait 70 membres et organisa la venue de grandes vedettes américaines : Bill Coleman, Kam Davenport, Nelson Williams, Ernie Royal...
La nuit du jazz du 19 mars 1953 au Congo fut un véritable succès mais, l'engouement décroissant peu à peu, le Hot-Club faute de repreneur fut dissous le 2 février 1954.
L'ancien cabaret "Le Congo" en 2015
J'ai fait don des archives du Hot-Club de Carcassonne, confiées par mon oncle Claude Alay, aux Archives départementales de l'Aude. Elles sont consultables dans la série 2J
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Commentaires
j'ai entendu parler du "congo" ...j'aime beaucoup le jazz et malgré la guerre la jeunesse arrivait a se divertir ...c'est bien qu'il y ait des témoins pour en parler....
le fils de Panassié et son epouse Claudine etaient explorateurs . ILS donnaient des conferences pour les eleves des écoles dans le cadre de "Connaissances du monde"; c 'etait tres interessant , il y a eu aussi "Les Machucambos" groupe d' amerique du sud me semble t il!!
" J'ai fait don des archives du Hot-Club de Carcassonne, confiées par mon oncle Claude Alay, aux Archives départementales de l'Aude. Elles sont consultables dans la série 2J "
Qui parle ici ?
Vous pouvez consulter ces archives du Hot-Club aux archives départementales de l'Aude, données par Claude Alay sous la responsabilité de Martial Andrieu.
" Les Louise étaient réfugiés pendant la guerre à Carcassonne, " Normalement, le terme de " réfugiés " vaut pour des personnes étrangères. Les Louiss (et non Louise) n'étaient ils pas français ? Pourquoi " réfugiés " ?
Non, Monsieur.
On parlait aussi des réfugiés d'Alsace-Lorraine, alors que la France considérait ce territoire comme lui appartenant.
Certes, mais en quoi étaient il des réfugiés ? Ils venaient d'Alsace ou de la Lorraine ?
Ils venaient d'Alsace et de Lorraine où ils avaient été expulsés par les Allemands ayant annexé ces territoires au Reich dès 1940.
Les Louiss vivaient en Alsace à ce moment-là ?