A Carcassonne, on a semble t-il l'art et la manière d'enlaidir ou de détruire les bâtiments anciens. Le Carcassonnais qui emprunte chaque jour l'avenue Roosevelt - anciennement route de Toulouse - se souvient-il qu'il y a avait à côté de feu la "Villa de la Gestapo", la clinique Cathala ? Tout ce quartier construit au XIXe siècle possédait des demeures bourgeoises que petit à petit l'on fait disparaître. Les architectes de chez Légo s'en donnent à cœur joie...
L'immeuble cachant la clinique Cathala
Cet immeuble du plus bel effet fut construit au milieu des années 1980, sur l'emprise du parc de la clinique Cathala. Où est donc passé le bâtiment ancien ? Il n'a pas été détruit, mais il est masqué et se trouve derrière l'emplâtre bétonné.
Ainsi qu'on le voit sur ce cliché aérien, le bâtiment de la clinique se trouve au centre des structures modernes. L'une donne sur la voie ferrée, l'autre sur l'avenue Roosevelt.
Un peu d'histoire...
© Dr Robinet
La clinique Cathala dans les années 1970
En 1922, Maurice Cathala fait l'acquisition de l'ancienne propriété de Napoléon Jacques Alexandre Salières-Roumens. L'année suivante, il ouvre à cet endroit une clinique - le Dr Delteil en fait de même dans le centre-ville de Carcassonne. Une extension est réalisée dans les années 1930, puis le docteur décède en 1947. Plusieurs médecins se succèderont avant que Charles Cathala ne reprennent en 1956 la direction, laissée vacante suite au décès de son père. Destin tragique que celui de la famille Cathala ! Charles et son épouse Marie se tuent au volant de leur véhicule en 1963.
"Le Dr Cathala était l'une des personnalités les plus marquantes de Carcassonne. Il avait fait ses études au lycée de la ville, puis à la Faculté de médecine de Montpellier. Après avoir été interne des hôpitaux d'Avignon, il prit la direction il y a environ quatre ans de la clinique créée par son père. En octobre 1962, il s'était adjoint le docteur Robinet, chirurgien. Il laisse le souvenir d'un praticien de talent et d'un homme de cœur qui ne savait rien refuser et que sa clientèle tenait en grande estime. Il laisse trois enfants : Pierre (7 ans), Sophie (4 ans) et Henri (2 ans). La porsche qui roulait à vive allure en direction de Béziers a raté un virage sur la N610 à la hauteur du village de Tourouzelle dans la commune de La Redorte."(Extrait du Midi-Libre - 19.04.1963)
Cette maison de maître était occupé au rez-de-chaussée par la famille Cathala ; les premiers et seconds étages avaient été aménagés pour le chambre de la clinique. Sur le devant - précisément où se trouve la résidence en béton - un parc arboré avec un massif floral en son centre faisait office de rond-point pour la circulation des véhicules entrant et sortant de l'établissement. En 1962, une extension des bâtiments permit la réalisation d'un bloc opératoire complet ; la clinique compta jusqu'à 40 chambres. A cette époque, Carcassonne possédait 4 cliniques : Héran, Delteil, Saint-Vincent et donc Cathala. Six mois avant le tragique accident, Charles Cathala s'était associé avec Jacques Robinet. Ce dernier dut prendre ensuite la direction de l'établissement jusqu'en 1980, date à laquelle il intégra l'hôpital Antoine Gayraud. La clinique Cathala ferma l'année suivante et fut vendue par les trois enfants de Charles Cathala. Destin tragique également pour deux d'entre-eux : Pierre décéda à Toulouse à l'âge de 39 ans en faisant son jogging, Sophie à l'âge de 40 ans dans un accident de moto. Seul le dernier est encore pilote d'hélicoptère aux Etats-Unis.
Sources
H. Alaux
Merci à Jacques Robinet
______________________________
© Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018