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portail des jacobins

  • Connaissez-vous bien l'histoire du Portail des Jacobins ?

    Contrairement à ce qu’il fut écrit par certains de nos historiens, il ne restait pas seulement l’ancienne Porte Saint-Louis lorsque celle-ci fut démolie afin d’entreprendre la construction de la Porte des Jacobins à sa place. Il existait trois autres portes aux entrées de la Ville basse : La Porte de Toulouse, la Porte des Cordeliers et la Porte des Carmes. Nous n’avons pas recherché ce qu’il advint des deux premières, ni à quel moment elles furent rasées. En revanche, nous affirmons que la destruction de la Porte des Carmes, qui se trouvait en haut de l’actuelle rue Georges Clémenceau, fut décidée postérieurement à celle située à l’entrée de la rue Courtejaire. Le 28 mars 1799, François Blatgier, Président de l’administration municipale, ordonna sa destruction : « Que la porte de ville appelée « Porte de la Liberté » et ci-devant « Porte des Carmes » menaçant d’une chute très prochaine, nombre de citoyens de cette commune demandent la démolition de cette porte pour prévenir le danger. Le citoyen Champagne, ingénieur du département, indique dans son rapport qu’il est dangereux de ne pas prévoir la chute de la voûte par la démolition prochaine, et des piliers de la principale entrée. » L’ensemble des matériaux fut ensuite vendu au plus offrant des enchérisseurs. Il se peut fort bien que certains d’entre-eux ont servi en réemploi à quelques constructions dans la Ville basse.

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    Lorsque l’administration royale céda à la communauté de la Ville basse, les fossés, les tours et les remparts, ont souhaita embellir et transformer les entrées de la Bastide. Bien qu’il fut projeté de créer une porte monumentale de style néo-classique à la Porte des Carmes rendant hommage à l’archevêque Dillon, elle ne put être réalisée. Seule, la Porte des Jacobins, appelée Porte de la Fraternité à la Révolution, sera construite en 1779 selon les plans de Jean Claude Dolbeau (1713-1781), ingénieur de la ville. Marié à Paule Coste, la fille d’Anne Chénier, l’architecte pouvait se prévaloir d’être le cousin par alliance du père André Chénier. 

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    L'armorial à l'extérieur de la Bastide

    Suivant l’adjudication des travaux accordée à Jean Pagnon (1725-1795), ingénieur des Travaux publics à Saint-Paul de Fenouillet, la nouvelle porte devra être bâtie en pierre extraite de la carrière de Pezens. Pierre et Hugues Bernard, maçons et tailleurs de pierre, s’assureront de la parfaite exécution de l’ouvrage dont la dépense a été évaluée à 8238 livres. 

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    L'armorial à l'intérieur de la Bastide

    La réalisation de l’armorial fut l’objet d’un concours que remporta le sculpteur Carcassonnais Pierre Parent (1715-1788) contre l’italien Ripa. Il s’obligea à l’exécuter le 27 septembre 1779 pour la somme de 400 livres. Nous ne disposons aujourd’hui que d’une description sommaire de son œuvre en raison du vandalisme révolutionnaire dont elle fut l’objet en 1789 : « L’écusson extérieur portant les armes du Roi avait 10 pieds de haut sur 9 de large, les cordons de Saint-Louis et de Saint-Michel y étaient sculptés. L’encadrement était formé par des branches de laurier qui durent être substituées aux palmes qui figuraient dans le projet primitif. Celui de l’intérieur, un peu moins grand, était aux armes de la ville, surmontées d’une couronne de comte entourée de branches de lauriers. »

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    © ADA 11 

    La porte et le corps de garde en 1780

    Un siècle plus tard, c’est l’ensemble de la porte qui aurait pu disparaître quand la ville mit à la vente l’ancien corps de garde. Transformé en logement pour les employés communaux, cette maison, accolée à l’ouvrage, permettait d’accéder à l’entablement du Portail des Jacobins. Un des élus du Conseil municipal fit remarquer qu’en cédant cet immeuble, la ville perdait la possibilité de créer un paysage piéton à côté de la porte. Le maire répliqua qu’à défaut de pouvoir obtenir un droit d’accès, on démolira la porte comme le demande l’acquéreur de la maison. Cette affaire discutée lors du Conseil municipal du 7 janvier 1888 en resta là fort heureusement. Il faut bien reconnaître que les immeubles latéraux cachent une grande partie de la porte lorsqu’on monte vers la caserne Laperrine. Louis Fédié dans « Histoire de Carcassonne » publié en 1886 note : « On n’a pas eu le soin d’isoler ce magnifique portique. Il est fâcheux que des constructions latérales nuisent à son bel effet. Si à la place de ces constructions existaient deux passages pour les piétons, l’accès de la ville serait plus facile, et la porte aurait bien plus d’élégance. » Personne ne sera entendu, pas même l’architecte Léopold Petit qui préconisait un élargissement de la rue de la gare afin d’offrir une belle perspective au Portail des Jacobins.

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    Le monument qui n’était devenu qu’un affichoir public, masqué et détérioré par de très nombreuses publicités, finit par obtenir la grâce du Conseil municipal. En 1908, un arrêté interdit l’affichage et des travaux de réhabilitation sont menés par l’entreprise Roucairos. La dernière restauration du Portail des Jacobins a été réalisée en 1994 sous la municipalité Chésa. Elle a également permis la mise à nu de l’ancien rempart grâce à la destruction du kiosque à journaux qui s’appuyait dessus.

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    Les anciens remparts le long du boulevard Roumens

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